Ronan Laborde, le président de l'Union des grands crus de Bordeaux, prévoit d'imposer à ses membres une certification écologique à l'occasion du cinquantième anniversaire de l'organisation. Il soutient l'adoption de pratiques respectueuses de l'environnement, une préoccupation de plus en plus importante pour les grands crus, qui se manifeste par un changement de communication et des initiatives concrètes.
Par moi-même.
D'après ce que vous dites, vous pensez que l'Union des Grands Crus de Bordeaux devrait être une représentante importante de la culture française, qui inclut bien évidemment le vin. Ne devrait-elle pas également être un modèle en termes de protection de l'environnement ?
L'association a été créée en 1973 par quelques propriétaires de vignobles qui voulaient promouvoir leurs vins. Au départ, ils étaient seulement dix membres, mais maintenant l'association compte 131 membres qui sont tous d'accord sur la question environnementale. Quand j'ai été élu président en 2019, nous avons décidé de faire une étude sur les pratiques de protection des plantes utilisées par nos membres. Environ 90 % d'entre eux ont répondu à l'étude, ce qui nous a permis de recueillir des données précises sur les pratiques environnementales utilisées par tous les producteurs de grands crus classés et assimilés qui font partie de notre association. Depuis lors, tous les membres calculent leur IFT (Indicateur de fréquence de traitement sanitaire).
J'ai toujours eu l'impression que les pratiques de l'UGCB étaient moralement bonnes, mais il y avait un manque de reconnaissance en ce qui concerne leur impact sur l'environnement. La vérité est que depuis quatre ans, cela est devenu un aspect central des communications des châteaux. Il est nécessaire de changer cette perception de grand cru fermé et arrogant qui a alimenté les critiques envers le bordeaux. La plupart des grands crus sont désormais ouverts au public. En vingt ans, le nombre de visiteurs dans un grand cru est passé de dix par an à dix par jour.
Vous avez fait un bon début, mais est-ce que vous pensez que cela soit assez et quelles sont vos attentes à ce sujet ?
Les propriétés viticoles ont toujours été attentives à préserver la qualité, en s'adaptant aux exigences de chaque époque. En tant que viticulteur et membre de l'Union, il est essentiel de prendre en compte les aspects écologiques, car une gestion inappropriée de l'activité humaine peut entraîner des conséquences dramatiques. Tout le monde est vigilant à ce sujet.
Cette année, pour célébrer les cinquante ans de l'Union, nous présenterons lors de notre prochaine assemblée générale en mars une charte environnementale appelée Ethiq'Union. Cette charte comprendra un engagement global visant à réduire les traitements utilisés, à éliminer l'utilisation des herbicides pour 94% d'entre nous, à promouvoir des pratiques biologiques et le développement de la biodiversité par l'agroforesterie et les couverts végétaux. Nous nous engageons également à réduire les émissions de CO2 en utilisant des véhicules hybrides ou électriques, ainsi qu'à limiter l'exposition des employés et des voisins aux traitements. Enfin, nous rendrons la certification obligatoire pour tous.
Au juste, quel est l'état actuel des pratiques et des certifications ?
Il y a déjà quarante membres de l'Union qui ont été certifiés biologiques ou qui sont en train de passer la certification. Certains châteaux préfèrent opter pour la conversion Haute Valeur Environnementale (HVE), mais il est nécessaire d'aller plus loin dans une approche écologique globale, car nous devrons rendre des comptes. Nous ne cherchons pas nécessairement à être entièrement biologiques, car sous notre climat océanique, nous nous posons des questions concernant l'utilisation du cuivre et son impact sur le tassement des sols. Par exemple, à Clinet (propriété pomerolaise de Ronan Laborde), nous estimons qu'il est nécessaire d'adopter une approche "bio raisonnée". Nous pratiquons le bio à hauteur de 70% à 80%, mais nous ne nous interdisons pas un ou deux traitements pour contrer la pression du mildiou.
Est-ce que les mesures mises en place au printemps pour lutter contre le gel sont en accord avec les idéaux écologiques globaux, et est-ce qu'elles sont efficaces ?
Il est important de protéger les vignobles contre les changements climatiques. Les vins de qualité sont essentiels pour l'économie et il est crucial de ne pas perdre une récolte sur deux. Les méthodes de protection contre le gel sont efficaces, mais ont leurs limites. Les tours, les cheminées et les éoliennes sont des alternatives moins polluantes mais qui nécessitent de l'énergie. Il y a également des recherches en cours pour l'installation de fils chauffants sur les treillages des vignes, ce qui est énergivore mais sans émission de CO2. Cependant, le principal obstacle est le coût élevé de cet investissement, qui s'élève à 30 000 euros pour un tiers d'hectare.
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