Le scandale MeToo
La décision injuste de retirer Ibrahim Maalouf du jury du festival du film américain qui se déroule ce week-end à Deauville marque un tournant.
Par Tristane Banon
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Parfois, les événements se chevauchent. Ils reflètent l'ambiance actuelle. En ce moment, il est évident que le mouvement MeToo est à un tournant. Depuis sept ans, cette révolution sociale est en marche, apportant à la fois des changements importants et des comportements tyranniques inacceptables. Les partisans de MeToo ignorent les excès, tandis que les opposants refusent de reconnaître les progrès. Cela crée un dialogue de sourds, polarisé.
Chaque jour, le mouvement MeToo continue de progresser de façon excessive. Il faut être prudent, car si personne ne met un frein à ses excès, cela pourrait se retourner contre lui. L'éviction injuste d'Ibrahim Maalouf du jury du festival du film américain à Deauville ce week-end est un moment crucial. Le trompettiste, qui a été relaxé en 2020 suite à une plainte pour agression sexuelle d'une jeune fille de 14 ans, a été prié de quitter le jury discrètement afin de préserver la réputation du festival. Le fait de demander à Maalouf de partir alors qu'il a été innocenté par la justice et que l'enquête a prouvé les mensonges de la plaignante, remet en question le principe de l'Etat de droit. La directrice du festival, Aude Hesbert, semble avoir agi comme si elle était au-dessus de la justice. En réponse à cela, une tribune publiée dans Le Point critique le tribunal de la vertu et souligne que MeToo va trop loin. Cette tribune rassemble à la fois des opposants et des partisans de MeToo, ce qui est assez rare pour être souligné. Les intérêts du festival en termes de réputation en pâtissent.
Après plusieurs mois de plainte pour agression sexuelle, la pédiatre légiste Caroline Rey-Salmon a enfin été blanchie. Elle avait été écartée de la coprésidence de la Ciivise suite à cette affaire. Malgré la fin de cette accusation, il reste difficile de se remettre de cette diffamation médiatique. Mediapart avait pris parti pour la plaignante, Louison, qui reprochait à Caroline Rey-Salmon un examen médical commandé par la justice il y a quatre ans. Cette accusation avait été vécue comme un second viol par la plaignante. Caroline Rey-Salmon, pionnière dans le domaine médico-judiciaire pour les mineurs, avait été fortement critiquée uniquement sur la base de ces allégations.
Ce qui est choquant dans ces situations de dérapage, c'est le sentiment d'injustice au nom de la justice, l'abus de pouvoir au nom du bien. Dans son dernier ouvrage qui sort jeudi, intitulé Le vertige MeToo, Caroline Fourest offre une clé de compréhension. En lisant son livre, on peut mieux saisir la colère qui vient de loin, et la situation actuelle qui part en vrille. Elle conseille subtilement au lecteur de ne pas idéaliser le passé, peu recommandable, mais de développer son sens critique, qui lui permettra d'éviter les amalgames, de ne pas effacer les différences, et de considérer chaque situation de manière individuelle.
De temps en temps, des événements se chevauchent. Espérons que ce livre, qui prône l'égalité des sexes et la sincérité, pourra faire réfléchir les personnes impliquées dans le mouvement MeToo… Sinon, cette révolution remarquable risque de perdre de sa crédibilité.
Tristane Banon est une
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