Le spectacle "Madame Butterfly" à Aix-en-Provence met en avant la performance passionnée d'Ermonela Jaho dans le rôle principal, mais les limites de la distribution sont visibles. La mise en scène minimaliste et esthétique d'Andrea Breth, ainsi que la direction passionnée de Daniele Rustioni, offrent cependant une expérience satisfaisante.
Écrit par Philippe Venturini
Trois spectacles consécutifs ont été programmés au Festival d'Aix-en-Provence, mais tous présentent des problèmes de distribution, malgré des niveaux de performance différents. La nouvelle production de « Madame Butterfly », créée à Milan en 1904, souffre de déséquilibres vocaux évidents. Le Pinkerton, interprété par Adam Smith, est particulièrement mal chanté, avec une voix monochrome et des aigus difficiles à écouter. Ce personnage, bien que ne soit pas toujours sur scène, est crucial pour le déroulement du drame.
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Un marin américain stationné à Nagasaki se marie par amusement avec une geisha nommée Cio-Cio-San, surnommée Madame Butterfly. Mais la jeune femme, prenant cette union au sérieux, se retrouve enceinte et abandonnée. Trois ans plus tard, Pinkerton revient, marié à une Américaine, pour prendre l'enfant qu'ils ont eu ensemble. Bouleversée, Butterfly ne supporte pas cette trahison et met fin à ses jours.
Habituée à jouer le rôle de cette amoureuse sacrifiée, la chanteuse soprano albano-italienne Ermonela Jaho propose une interprétation intense, délicate, concentrée et subtile malgré une puissance parfois limitée. Elle réussit à représenter de manière très intelligente les différentes facettes de ce personnage, une jeune fille de 15 ans abusée par Pinkerton, devenue mère et élevant seule son enfant, traversant des épreuves avec la ruine de sa famille et le suicide de son père.
Mihoko Fujimura, une chanteuse japonaise spécialisée dans les opéras de Wagner, semble mal à l'aise dans le rôle de la servante Suzuki. Lionel Lhote interprète avec délicatesse le rôle du consul américain Sharpless, en particulier lorsqu'il doit annoncer à Butterfly que Pinkerton la quitte.
Dans le cadre orchestral, Daniele Rustioni dirige avec sa confiance habituelle cette musique sensuelle et envoûtante sans la rendre trop artificielle. Le Choeur et l'Orchestre de l'Opéra de Lyon (qui co-produit et reprendra en janvier 2025) démontrent un style et une palette de couleurs impeccables.
Après ses remarquables productions de « Jakob Lenz » en 2019 et de « Salomé » en 2022, Andrea Breth présente un spectacle qui allie une grande beauté visuelle à une simplicité élégante. Quelques paravents, des fauteuils, des kimonos et des jeux d'ombres créent des images qui rappellent les estampes japonaises de Hokusaï, Hiroshige et Kuniyoshi, qui sont présentées par pur hasard dans l'exposition voisine « Bonnard et le japonisme » à l'hôtel de Caumont. Ce minimalisme permet d'éviter que la scène ne répète ce que la musique de Puccini exprime avec tant d'éloquence, des chants des oiseaux à la fin tragique.
Madame Butterfly, une œuvre de Giacomo Puccini, sera présentée lors du Festival d'Aix.
Mis en scène par Andrea Breth et dirigé par Daniele Rustioni.
Evénement culturel se déroulant à Aix-en-Provence, au Théâtre de l'Archevêché.
site internet du festival d'Aix-en-Prov
Valable jusqu'au 22 juillet, avec une pause de 15 minutes incluse.
Diffusion prévue le 13 juillet sur la chaîne Arte.
Le nom Philippe Venturini
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