En 2024, à Avignon, Baptiste Amann présente sa pièce "Lieux communs" qui est décrite comme un thriller social proche d'une série télévisée. Le spectacle est apprécié pour sa structure innovante et son récit captivant, mais est critiqué pour son message simpliste et ses clichés.
Écrit par Philippe CHEVILLEY
La pièce de théâtre de Baptiste Amann s'inscrit dans la tendance actuelle d'un théâtre narratif bien structuré, qui suit le rythme et les rebondissements des séries télévisées. Intitulée « Lieux communs », elle nous transporte dans un thriller politique et social complexe, abordant divers points de vue et enjeux dramatiques. Présentée dans l'Autre salle du grand Avignon à Vedène, cette pièce promet une expérience captivante pour le public.
En 2007, la fille d'un dirigeant d'une organisation d'extrême droite est retrouvée morte et agressée sur un trottoir. Un jeune homme noir, qui a contacté les secours, prétend qu'il s'agissait d'un accident lors d'une relation sexuelle qui a mal tourné et affirme que la victime, qui était ivre, est tombée par la fenêtre. Cependant, en raison du manque de crédibilité de son histoire et de ses liens avec des groupes extrémistes, il est rapidement accusé du meurtre et condamné à la prison à vie. Des années plus tard, une dramaturge décide de monter une pièce de théâtre basée sur les poèmes écrits par le jeune homme en prison, malgré l'opposition des mouvements féministes. Comme son ancienne compagne qui est réalisatrice, elle croit que le procès a été précipité en raison de la couleur de peau du garçon et du contexte politique.
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Baptiste Aman décide de rendre son récit plus complexe en nous plongeant dans l'univers d'un restaurateur de tableaux qui forme une jeune stagiaire, ainsi que sur les plateaux de télévision où sont interviewés un spécialiste de l'artiste Pierre Soulages et une cinéaste gitane et radicale. Les différentes pièces du puzzle se mettent en place progressivement durant le spectacle, qui se divise en deux parties : tout d'abord une présentation des personnages et des événements, dans un ordre apparemment désordonné, puis une réflexion introspective où chacun expose sa vérité. Cette approche, interprétée de manière convaincante par des acteurs jouant plusieurs rôles, laisse cependant une impression de perplexité à la fin de ce collage théâtral.
L'histoire est un peu invraisemblable et ressemble plus à une comédie qu'à un thriller. L'auteur-metteur en scène ne prend pas parti pour ses personnages, préférant poser des questions et laisser les choses en suspens. Il aborde le combat féministe contre la violence masculine et l'intersectionnalité, qui classe les oppressions en fonction de l'identité et de la couleur de peau. L'interrogatoire d'un jeune noir par un policier colérique laisse planer des doutes sur sa culpabilité dès le début.
Les personnages sont exagérés. Leurs discours finaux passionnés rappellent plus le théâtre que la série télévisée, mais ne les rendent pas plus complexes. Baptiste Amann démontre une grande générosité narrative et un sens aigu de la mise en scène, comme en témoigne la réaction très positive du public. Cependant, on espère voir plus de simplicité, de non-dit et de mystère dans ses futures productions, et moins de clichés, pour être pleinement convaincu.
Clichés
Evénement culturel d'Avignon
par Baptiste Amann
Vedène, un autre lieu culturel important près d'Avignon
site web du festival d'Avignon
Les huit, neuf et dix juillet
Période de 2 heures et demie
Le nom de l'auteur est
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