Anouk Aimée, décédée à l'âge de 92 ans, était une actrice emblématique connue pour ses rôles dans des films tels que "Un homme et une femme", "La Dolce Vita" et "Lola". Sa présence délicate, sensuelle et mélancolique a marqué discrètement plus de 70 ans de cinéma.

Écrit par Adrien Gombeaud

Une photographie célèbre d'Emile Savitry montre une jeune fille en noir et blanc, les cheveux au vent, caressant un petit chat. Une larme coule sur sa joue gauche. Nous sommes en 1947, à Belle-Ile-en-Mer, où Marcel Carné tourne le film inachevé « La Fleur de l'âge ». L'actrice, Anouk, âgée de 14 ans, pleure pour une raison inconnue. Jacques Prévert, scénariste du film, lui suggère de changer son nom en Aimée. Elle décide de garder ce nom, choisi par un poète renommé comme lui.

Un an après le naufrage du film "La Fleur de l'âge", Anouk Aimée collabore avec Jacques Prévert sur le film "Les Amants de Véronne" d'André Cayatte. Ce succès marque le début d'une longue carrière dans le cinéma français pour elle. Elle participera à près de cent films, jusqu'à la fin des années 2010.

Anouk Aimée n'est pas connue pour son jeu d'acteur flamboyant. Federico Fellini a remarqué qu'elle avait le talent de laisser sa marque sur la pellicule sans la ternir. Dans le film "La Dolce Vita" en 1960, elle incarne une femme mystérieuse qui porte toujours des lunettes de soleil. Fellini la dirige à nouveau dans "Huit et demi" trois ans plus tard. Il a déclaré que son personnage était énigmatique et qu'il ne fallait pas chercher à comprendre au-delà de ce qui est montré à l'écran.

Dans le film de Jacques Demy sorti en 1961, l'entraîneuse Lola chante avec certitude : "Je suis celle-ci, je suis Lola".

Lola, originaire de Nantes, mène une carrière diversifiée en passant de ses tenues de tous les jours à des costumes de scène plus excentriques. Elle incarne le fantasme français d'une élégance bourgeoise mêlée à une touche d'érotisme sauvage, s'attirant ainsi l'attention de réalisateurs italiens tels que De Sica, Bellocchio et Bertolucci. Jerzy Skolimowski la dirige à Londres dans le film "Le Succès à tout prix" (1984), tandis que Jacques Demy la suit à Los Angeles dans "Model Shop" (1969). Sidney Lumet la retrouve à Rome dans "Le Rendez-vous" (1969) et Robert Altman la ramène à Paris dans "Prêt à porter" (1994).

Personnage nocturne dans le film "La Dolce Vita".

Bien entendu, l'histoire de ce personnage se déroulera principalement entre Paris et Deauville, à bord d'une Ford Mustang. En 1966, dans le film "Un homme et une femme", Claude Lelouch parvient à allier son style insouciant aux paysages brumeux de la Normandie en hiver. La réussite du film repose également sur les voix harmonieuses de Jean-Louis Trintignant et d'Anouk Aimée. Lui aime la vitesse, tandis qu'elle semble insaisissable, même dans sa manière légèrement mélancolique de lui donner son numéro de téléphone : "Montmartre 15 40".

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Marceline Loridan-Ivens a une carrière cinématographique impressionnante, mais un rôle crucial et souvent oublié est celui qu'elle a joué en 2003 dans "La Petite Prairie aux bouleaux". Ce film, inspiré de sa propre vie, raconte l'histoire d'une femme vivant aux Etats-Unis qui retourne au camp de Birkenau, où elle a souffert de la faim et de la torture pendant la guerre. Pour incarner ce personnage, Marceline a choisi Anouk, anciennement connue sous le nom de Nicole Dreyfus avant de devenir actrice. Durant l'occupation, les parents d'Anouk l'ont inscrite dans une école de Charente sous un nom d'emprunt pour éviter la déportation et le port de l'étoile jaune.

Outre sa grâce, Anouk Aimée semblait aussi porter une blessure profonde, une tristesse figée dans le temps. En 2002, lorsqu'elle a reçu son César d'honneur, l'actrice a expliqué qu'elle n'avait jamais eu l'intention de faire carrière. Elle a ensuite déclaré : « Avec le temps qu'il me reste, j'aimerais bien commencer. » Ainsi Anouk Aimée s'est éteinte à l'âge de 92 ans, laissant derrière elle une vie marquée par une certaine incomplétude.

L'auteur de ce texte est Adrien

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