La représentation de "Macbeth" au théâtre français, malgré ses belles images et son atmosphère cauchemardesque captivante, n'a pas réussi à convaincre avec sa relecture mystique et psychologique de la tragédie de Shakespeare par Silvia Costa. Les acteurs semblaient être engourdis par le rituel funèbre et le temps étiré qui leur étaient imposés.
Écrit par Philippe Chevilley
La pièce "Macbeth" de Silvia Costa débute de manière spectaculaire. Sa représentation à la Comédie-Française débute par une scène d'introduction fascinante mettant en scène une Lady Macbeth qui ressemble à une sorcière avec des cheveux en bataille, réfléchissant à ses futurs actes meurtriers devant un rideau rouge. Ensuite, ce rideau se lève sur un décor intrigant où l'ancien roi Duncan erre maladroitement dans un paysage blanc.
La scène des sorcières, où elles font leurs prédictions sinistres, est représentée de manière spectaculaire et fantomatique. Macbeth, convaincu qu'il deviendra bientôt roi s'il commet des actes criminels, se voit entouré d'une couronne d'or géante… Cette introduction, pleine d'images saisissantes, nous plonge brillamment dans la tragédie de Shakespeare, créant une atmosphère hallucinatoire et unique grâce à la talentueuse créatrice italienne qui a longtemps collaboré avec le dramaturge plasticien Romeo Castellucci.
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Malheureusement, la performance souffre ensuite d'une étrange décision de traiter le contenu de la pièce en la raccourcissant et en la centrant autour des personnages principaux. L'intensité épique et tumultueuse de l'œuvre de Shakespeare est étouffée par l'atmosphère religieuse feutrée imposée. Nos protagonistes, vêtus de vêtements ecclésiastiques, évoluent de manière solennelle dans un décor sombre d'église.
En donnant une dimension cérémonielle aux meurtres de Lord et Lady Macbeth, ces actes perdent de leur brutalité. La peur se transforme en une sorte de léthargie et le temps semble s'étirer. La scène du banquet, où Macbeth est le seul à voir l'apparition sanglante de son ami Banquo qu'il vient de tuer, perd de son intensité, jouée de manière très proche et intime. Quant à Macduff, le futur sauveur du royaume, il est représenté de manière très semblable au Christ, avec ses longs cheveux blonds, sa barbe et sa tenue impeccablement blanche.
Dans cette nouvelle interprétation, Silvia Costa explore en profondeur les relations troubles entre les personnages, mettant en lumière les couples stériles, les amants impuissants et les relations incestueuses mère-fils, dissipant ainsi le mystère qui les entoure. Julie Sicard réussit plutôt bien à incarner une Lady survoltée, tandis que Noam Morgensztern peine un peu plus à interpréter un Macbeth faible et hésitant, tour à tour sans caractère, enfant cherchant réconfort et roi en difficulté.
Initialement captivé, voire ensorcelé, le public commence à se lasser progressivement de cette procession funèbre monotone, plus symbolique qu'émotionnelle. La tension dramatique ne s'intensifie que faiblement. Comme la forêt de Durham, dont l'avancée annonçant la chute de Macbeth est à peine suggérée par la descente d'une grille en forme d'orgue. Macbeth se contorsionne de douleur, expire avec un bébé fantôme à ses côtés. Le livre d'images se referme bruyamment sur un spectacle aussi déconcertant qu'inachevé.
Adaptation de la pièce "Macbeth" de Shakespeare pour le théâtre.
Direction artistique et modification par Silvia Costa.
Lieu: Théâtre de la Comédie-Française à Paris (Richelieu
Le site web de la Comédie-Française peut être consult
Durée: deux heures et quinze minutes
Entre le 26 mars et le 20 juillet
Philippe Chevilley
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