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Vers une nouvelle ère de protection des océans : les enjeux discutés à Monaco

À Monaco, des spécialistes et des responsables politiques incitent à intensifier les actions en faveur de l'océan. Des chercheurs et des dirigeants se sont rassemblés lors du quinzième colloque de la Monaco Blue Initiative pour discuter du futur de nos zones maritimes.

Écrit par Charlotte

Dans le grand hall du Musée océanographique de Monaco, les visiteurs sont plongés dans une ambiance bleue, avec des œuvres de l'artiste américain Mark Dion exposant divers objets marins. Une imposante fresque de 18 mètres de large sur 10 mètres de haut attire l'attention, mettant en avant un ours blanc de Groenland observant un scaphandre conçu par l'inventeur allemand Karl Heinrich Klingert. À proximité, la princesse Stéphanie de Monaco guide les visiteurs à travers la reconstitution du bateau du prince Rainier III, le Deo Juvante II. Une citation du prince Rainier III, datant du Sommet de la Terre de Rio en 1992, est également affichée sur un mur, rappelant l'importance de prendre des mesures pour préserver l'essentiel.

Le 18 mars dernier, le prince Albert II a ouvert la quinzième édition de la Monaco Blue Initiative (MBI) dans un établissement dédié à l'environnement marin. Chaque année, cette rencontre informelle rassemble des scientifiques, des décideurs politiques et des organisations internationales pour discuter de la protection des océans face aux défis du changement climatique. Albert II souligne l'importance de collaborer pour soutenir les océans tout en trouvant un équilibre entre la nature et les besoins de la société. Avec la troisième Conférence des Nations unies sur l'océan prévue à Nice en juin 2025, la préservation de nos océans devient de plus en plus pressante.

Au cours des quinze dernières années, le pourcentage d'océans protégés a considérablement augmenté, passant de seulement 2,5 % à un peu plus de 8 %. Selon Sebastian Troeng, vice-président de Conservation International, cette évolution est le résultat de succès pour les défenseurs des océans. Aujourd'hui, environ 28 millions de kilomètres carrés d'eaux côtières sont désignés comme des "aires marines protégées" à l'échelle mondiale, ce qui représente une avancée significative dans la conservation des océans.

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Entente historique à l'Organisation des Nations Unies pour la protection des zones maritimes internationales

Depuis l'intégration de l'océan dans l'Accord de Paris en 2015 jusqu'à l'adoption récente d'un traité historique sur la biodiversité marine par les Nations unies en juin dernier, les initiatives en faveur de la protection de l'environnement marin se sont multipliées. Un traité mondial visant à lutter contre la pollution plastique est en cours d'élaboration et devrait être adopté cette année. Minna Epps, directrice du programme marin et polaire mondial à l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), souligne que le Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal représente une avancée majeure dans ce domaine.

Elle mentionne avec un sourire que les femmes ont joué un rôle important dans l'élaboration de ce texte, grâce à l'action de l'alliance Women4Biodiversity. La principale mesure du Cadre, connue sous le nom d'initiative "30×30", vise à protéger 30 % des terres et 30 % des océans en tant que zones naturelles d'ici 2030, tout en mettant en avant les connaissances des peuples autochtones.

Le musée océanographique de Monaco abrite l'un des plus anciens aquariums au monde. Cette information est illustrée par une photo d'Arnaud Le VU/Hans Lucas Via AFP.

Selon David Obura, le président nouvellement élu de la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques de l'ONU, notre compréhension de l'océan progresse rapidement. Il souligne l'importance de reconnaître à la fois la science et les savoirs traditionnels des populations locales qui ont été transmis depuis des millénaires. De plus, il met en avant l'utilisation des technologies marines, à condition qu'elles soient utilisées pour le bien de l'environnement.

Les réussites qui laissent à désirer

Le professeur Enric Sala, explorateur en résidence à la National Geographic Society, remet en question les constats positifs souvent célébrés en matière de protection des aires marines. Selon lui, il est important de souligner que seulement 3% de l'océan mondial se situe dans des zones réellement bénéfiques pour la nature et l'humanité, malgré le fait que 8% des aires marines soient actuellement protégées.

En prenant du recul, il est évident que les perspectives pour l'avenir de l'océan sont préoccupantes, selon Sebastian Troeng, vice-président de Conservation International. Il souligne l'augmentation de la température de l'eau de mer, la détérioration des récifs coralliens et la surpêche qui épuise les stocks de poissons. De plus, février 2024 a été désigné comme le mois le plus chaud jamais enregistré.

L'idée principale partagée par les invités réunis sur le Rocher ce jour-là était de privilégier la qualité plutôt que la quantité en matière de pêche.

Mahlet Naomi Mesfin, sous-secrétaire adjointe pour les océans, les pêches et les affaires polaires au Bureau des océans et des affaires environnementales et scientifiques internationales du département d'Etat américain, souligne l'importance de la question de la pêche. En effet, 12% de la population mondiale dépend de la pêche et de l'aquaculture. Cependant, 90% des stocks de poissons de la planète sont pêchés de manière non durable, et un poisson sur cinq capturé dans le monde provient de la pêche illégale. Ces pratiques ont des conséquences néfastes sur nos océans, nos populations, notre économie et notre planète.

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Jean-François Ferrari, le ministre de la Pêche et de l'Economie bleue des Seychelles, a souligné lors de la MBI que plutôt que de simplement interdire la pêche, il était important d'expliquer comment préserver les ressources halieutiques pour les futures générations. L'idée de pêcher de manière plus durable était au cœur des discussions ce jour-là. Selon une récente étude de l'Ifremer, la surpêche concerne encore 20 % des poissons pêchés en France, alors que les objectifs européens visent à atteindre une pêche durable à 100 % d'ici 2020. Un rapport de 2024 de l'association Bloom et des institutions scientifiques souligne les avantages écologiques, économiques et sociaux de la pêche artisanale par rapport à la pêche industrielle, qui est non seulement polluante et destructrice, mais aussi moins rentable et dépendante de subventions importantes.

Cependant, il semble que cette tendance pourrait changer. Mahlet Naomi Mesfin se réjouit de l'accord récent de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) visant à interdire les subventions pour la pêche non réglementée en haute mer ou contribuant à la pêche illicite, tout en favorisant une plus grande transparence dans la pratique. David Obura souligne l'importance de restaurer la confiance avec les communautés locales pour progresser.

Le domaine privé doit contribuer

En dehors des discussions officielles, les échanges se poursuivent dans les couloirs de l'institution. Puri Canals, responsable technique du Projet de gouvernance des océans de l'Union européenne, de l'Asie du Sud-Est et de l'Atlantique, cherche à se frayer un chemin à travers la foule. Elle remarque : « Il reste encore beaucoup de travail à faire. Actuellement, les ressources humaines et financières à notre disposition ne sont pas suffisantes pour réaliser le projet annoncé par la COP15. »

Enric Sala compare l'océan à un compte bancaire où les gens prennent continuellement sans rien donner en retour. Il souligne que nous avons bénéficié de notre prospérité en causant des dommages à la nature. Cependant, nous avons désormais épuisé les ressources naturelles nécessaires pour continuer à prospérer.

Pour résoudre ce problème, il affirme que nous devons faire appel au secteur privé. Il est important de noter que de nombreuses entreprises privées sont présentes dans la salle de conférences du Musée océanographique. Motivés par la nécessité d'établir une économie bleue durable et régénérative, les fonds d'investissement spécialisés dans l'économie maritime ont proliféré depuis le début du siècle. Mirova, une société de gestion axée sur l'investissement durable et certifiée comme une "entreprise à mission", a été créée en 2012. Anne-Laurence Roucher, directrice générale adjointe de la société, explique que, en plus du risque et du rendement, ils prennent en compte l'impact de leurs investissements. Il est crucial de développer de nouveaux modèles d'entreprise et d'établir des normes où cette préoccupation serait obligatoire. Depuis sa création, Mirova s'est engagée à financer des solutions visant à une gestion durable des ressources marines, de la pêche à la réduction de la pollution en passant par le recyclage du plastique.

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Les entreprises spécialisées dans la gestion cherchent à attirer les investisseurs responsables.

Sylvie Goulard, coprésidente du Groupe consultatif international sur les crédits de biodiversité, souligne l'importance de prendre conscience des limites de notre monde. Nous devons changer notre approche de l'utilisation de la terre et de l'océan, et repenser notre économie en impliquant les communautés locales.

À la fin de cette réunion, le comité français de la Conférence des Nations unies sur l'océan 2025, l'Institut océanographique de Monaco et la Fondation Prince Albert II de Monaco ont formellement convenu de collaborer pour organiser le Blue Economy and Finance Forum (BEFF). Cet événement se déroulera les 7 et 8 juin 2025, avant la conférence de Nice, dans le but de rassembler des fonds publics et privés pour l'océan.

Enric Sala exprime son optimisme envers la capacité de l'océan à se régénérer et à retrouver son équilibre. Il souligne que nous sommes tous interdépendants de l'océan et que lorsque celui-ci se porte bien, nous en bénéficions également.

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