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À la découverte de la musique de rue en Irlande : balade à Galway et Dublin, terres de talents et de traditions musicales vivantes

Découverte de l'Irlande, où la musique de rue règne en maître

Les cœurs des villes irlandaises se transforment en véritables théâtres en plein air. Partons à la découverte des talents de Galway et Dublin, et plongeons au cœur d'une tradition musicale d'une incroyable vitalité.

Par mes propres mots:

Par l'auteur

« Ce sont des musiciens assez spéciaux, vous savez, un peu indomptables. Ce sont… » Au bar du "Tigh Neachtain", John Conneely cherche ses mots en trifouillant sa longue barbe. Personnalité respectée de la scène musicale de Galway, il passe négligemment sa main sur sa tête rasée. Ensuite, ses yeux brillent dans l'obscurité : « Ce sont des esprits libres ! »

Le petit port de l'Atlantique demeure le centre de la musique irlandaise. Des personnes du monde entier viennent ici pour apprendre le violon, l'accordéon, le banjo… Beaucoup de musiciens débutent en jouant dans la rue. Certains d'entre eux restent attachés à la forme la plus simple de spectacle : une voix qui attire la foule, un chapeau pour recevoir les pièces. Ces musiciens sont appelés les "buskers". "Le mot provient de l'espagnol", explique John. En Irlande, et particulièrement à Galway, nous avons des liens anciens avec l'Espagne. "Buscar" signifie "chercher". Ces musiciens sont des "chercheurs", des troubadours. Mais cette pratique remonte aux "Irish travellers", des nomades irlandais, similaires à nos gitans, qui faisaient voyager la musique.

Un musicien de rue imprévisible

John a eu une courte expérience en tant que musicien de rue, avant de fonder l'un de ces groupes solides qui respectent les horaires, jouent et partent selon les règles. Le musicien de rue, lui, est comme une météore imprévisible qui passe dans la ville et disparaît : « J'ai rencontré des musiciens talentueux qui ne pouvaient jouer que dans la rue. Ils ont une culture similaire à celle des auto-stoppeurs, à l'esprit des premiers festivals. Beaucoup d'entre eux mènent un style de vie lié aux fêtes et à l'alcool. Tu gagnes de l'argent le jour, tu le dépenses la nuit, et tu recommences le lendemain. Moi, je dirige une entreprise. Cependant, parfois, pour une soirée, j'embauche un musicien de rue. Pour le public, ils dégagent une mythologie… quelque chose de pur. »

En juillet 2023, Leah Mooney, une jeune femme irlandaise de 20 ans originaire de Kildare, se trouvait sur Grafton Street à Dublin. Cette information a été capturée par Johnny Savage pour Les Echos Week-End.

Gabriel Gonzalez est venu en provenance d'Espagne avec son fourgon, sa flûte et sa passion. "Je jouais de la musique dans la rue le matin. Je commençais à m'installer à 8 heures. Chaque jour, des habitués faisaient une petite pause sur leur chemin vers le travail, écoutaient ma musique et me donnaient une pièce. Le soir, on peut gagner plus d'argent, mais il arrive parfois que des personnes alcoolisées nous causent des problèmes. J'arrivais à payer mon loyer et j'avais mes propres horaires. J'ai finalement arrêté de jouer dans la rue, mais maintenant je sais que peu importe ce qui arrive, je pourrai toujours gagner ma vie avec ma flûte. Je pense que cela m'a aidé à m'intégrer plus rapidement à Galway que si j'avais exercé un autre métier. Un musicien de rue fait partie du paysage…"

Une atmosphère sonore exceptionnelle

En se promenant le long de la rivière Corrib, on peut réellement ressentir comment ces musiciens contribuent au charme de la ville. Dans un environnement sonore unique, leur musique se mélange au souffle de l'océan, aux cris des cormorans et à l'agitation d'un port européen. La musique est omniprésente. Ici, un violon s'échappant d'un pub. Là, la voix douce d'une vendeuse de glaces répond machinalement à Elton John tout en ajustant le crayon qui maintient sa chevelure relevée : "Je ne briserai pas ton cœur…"

Au pied du château de Lynch, Kanako Machida joue de son accordéon avec énergie. Originaire du Japon, elle est venue jusqu'à Liverpool pour suivre les traces d'Akeboshi, un chanteur qu'elle admire. Cependant, elle s'est finalement passionnée pour la musique traditionnelle irlandaise et a décidé de se consacrer à l'accordéon. Elle a trouvé sa place dans la rue, où elle se sent plus à l'aise pour jouer. Elle avoue manquer de confiance en elle pour monter sur scène, mais à l'extérieur, elle ne ressent pas cette pression. Les passants qui apprécient sa musique lui donnent de l'argent, ce qui lui procure une grande satisfaction, d'autant plus en tant que Japonaise jouant dans cette ville.

"Malgré sa précarité, j'apprécie énormément cette situation."

Kanako continue de jouer de l'accordéon en tapant du pied. Dans son panier, elle a plié des origamis qu'elle offre aux passants. "Mon mari, qui est musicien, n'était pas d'accord. J'ai donc accepté un emploi dans un café pour subvenir aux besoins de nos enfants, mais cela rapportait moins que la musique. Cependant, j'adore vraiment ça. J'aimerais pouvoir continuer ainsi toute ma vie, même si cela implique une existence incertaine." Une jeune fille surgit de la foule et exécute trois pas de danse traditionnelle, le buste droit et les bras le long du corps. Elle échange un sourire complice avec Kanako et disparaît dans les rues de Galway.

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Le territoire des musiciens de rue évolue en fonction du centre-ville. Anders Trabjerg se souvient que dans les années 1990, le meilleur endroit était en face de l'arrêt de bus. Mais lorsque le centre est devenu piétonnier, tout a changé. En compagnie de Mayo Yanachi, également originaire du Japon, Anders forme un duo qui est habitué aux cafés de Galway. Cependant, ils ont récemment arrêté de jouer dans la rue pour adopter un mode de vie plus stable. Mayo explique que cela leur manque : "A une époque où l'on peut parcourir la Terre via Google Street View, rien ne te donne le sentiment d'être plus présent au monde que de jouer dans la rue. Sur ton bout de trottoir, tu vis pleinement le moment. Tout musicien de rue te dira que même en jouant la même chanson cent fois dans la même ville, ce ne sera jamais pareil. La lumière, la météo, la foule… tout change autour de toi. C'est aussi ce qui fait que les musiciens de rue vivent au jour le jour." Anders confirme en disant que ce n'est pas l'argent qui leur manque, mais cette authenticité.

Les règles strictes de Grafton Street

Malgré cela, à Dublin, Grafton Street est animée par une communauté incroyable de musiciens de rue connectés. Ross O'Brien, un acrobate qui fait partie intégrante de cette scène, affirme que « nous sommes au cœur de la capitale du spectacle de rue. L'hiver est difficile et il faut économiser de l'argent pour tenir. Mais l'été n'est jamais trop chaud et les journées sont longues ». Ces artistes bénéficient de la générosité des Irlandais. Le pays a traversé la famine et la musique reste un symbole fort de l'identité irlandaise. David Owens, un chanteur crooner, explique que « dans d'autres capitales, on est parfois perçus davantage comme des mendiants avec un instrument que comme des musiciens ».

La ville réglemente strictement cette pratique, et la plupart des chanteurs de Grafton Street sont des professionnels. Chacun se produit pendant une heure, et une fois son créneau terminé, il cède la place au prochain busker. Rory Costello, qui enseigne également le chant, explique : « Entre chaque prestation, nous avons beaucoup de temps libre. Cela me permet de lire des œuvres de Joyce, 'The Economist' et des magazines sur le skateboard. »

Les artistes de rue de Dublin ont l'autorisation de jouer délivrée par la mairie moyennant 20 euros par an. Ils ne sont pas autorisés à utiliser une bande musicale préenregistrée, ni à jouer la même chanson deux fois. Par conséquent, il est impossible, comme dans le métro parisien, d'entendre en boucle "La Bamba" ou la musique du "Parrain". Cependant, en marchant dans Grafton Street, on retrouve souvent les mêmes chansons populaires. "Hallelujah" de Leonard Cohen, "Fast Car" de Tracy Chapman, "Zombie" des Cranberries… "Nous ne chantons pas nécessairement ce que nous aimons", confirment les frères jumeaux Luke et Jamie Regan, âgés de 15 ans. "Nous chantons ce que les gens veulent entendre." Et les chansons originales rapportent moins que les chansons connues : "Les passants ne sont pas là pour toi", explique Ross. "Tu n'as donc pas une minute pour attirer leur attention. Tu as cinq secondes. C'est pourquoi nous utilisons ces refrains familiers."

Une scène visible partout dans le monde

Certains trouvent des solutions alternatives de manière astucieuse. Dans un monde rempli de guitaristes, David Owens s'est démarqué en utilisant son impressionnant piano à queue électrique… "C'est un clavier électronique caché à l'intérieur d'une coque en bois qui ressemble à un véritable instrument de concert," explique l'artiste avec enthousiasme. "J'ai emprunté cette idée à un musicien d'Edimbourg. Jouer dans la rue, ce n'est pas seulement de la musique, c'est aussi un spectacle!"

Ross O'Brien, un artiste spécialisé dans l'acrobatie et le jonglage, est l'un des acteurs clés de la célèbre rue Grafton Street.

Grafton Street est connue pour être un lieu où l'on chante à la fois à Dublin et sur la scène internationale. Owens est l'un des premiers à avoir mis en valeur Grafton sur les réseaux sociaux, notamment grâce aux caméras de la chaîne YouTube Dublin City Today. Ici, chaque personne affiche son compte Instagram au pied de son micro. C'est ainsi que la sensationnelle Allie Sherlock a accumulé des millions de vues et a été invitée dans le show d'Ellen DeGeneres alors qu'elle était à peine adolescente. Depuis, la rue attire des talents venus du Brésil ou des États-Unis.

La compétition est intense et les loyers sont impitoyables. David Hayden, un jeune de 22 ans, est venu du nord avec sa voix douce, sa guitare et ses aspirations. Ayant économisé suffisamment pour payer un mois de loyer, il s'est dit que s'il pouvait payer le mois suivant, il pourrait continuer à vivre ici. Et il est toujours là. Il affirme aimer le haut de la rue, d'où il peut observer la foule monter et descendre. David et Dublin se sont rencontrés et ont connu un véritable coup de foudre.

Les puristes critiquent Grafton Street pour avoir perverti la tradition. À Galway, James Gallagher s'engage à ne jamais utiliser d'ampli et à ne travailler qu'avec sa voix et son banjo : "Un busker n'est pas là pour donner un concert mais pour offrir un spectacle spontané." On peut parfois penser que Grafton Street transforme une ville en plateau de The Voice. Puis, Diana Gomez, une violoncelliste espagnole, commence à jouer "Viva La Vida" avec Jacob Koopman, un charmeur de chanteur originaire de Java. Et on comprend que Grafton Street reste avant tout une rue d'aventuriers, remplie d'espoirs et d'ambitions, et que Dublin nous offre peut-être là un des plus beaux portraits de la jeunesse des années 2020.

La journée touche déjà à sa fin. Les guitares sont rangées, les amplis sont débranchés. Ross O'Brien remballe son équipement et met l'argent dans sa poche. Son spectacle tient dans une valise. Dans un monde rempli de valeurs fausses et d'artifices, l'acrobate considère cela comme une manière très honnête de gagner sa vie. S'il fait beau demain, il sera de retour.

La version VIP du Busk

Bien que Dublin soit une ville qui chante, elle fait également face à une crise du logement extrêmement sévère. L'association caritative Simon Community vient en aide aux personnes sans-abri, dont 25% ont un emploi. Chaque soir de Noël, l'association organise un événement caritatif appelé "busk" devant le théâtre Gaiety, près de Grafton Street. Cette initiative a été lancée par Glen Hansard, membre du groupe The Frames, qui a également impliqué le chanteur Bono. "The Busk" rassemble les plus grandes stars irlandaises, tout en conservant l'esprit de la rue : le public ne sait jamais qui va se produire. L'événement commence à 17 heures, après la fermeture des magasins, et dure deux heures. Pendant la période du Covid, il s'est déroulé à huis clos dans la cathédrale Saint-Patrick. "The Busk" est ensuite devenu un album réunissant des artistes tels que Bono, Damien Rice, The Frames, Lisa O'Neill… pour une noble cause.

dubsimon.ie est un site web

En termes de réalité

Le trajet en avion de Paris à Dublin dure environ 1 heure et 45 minutes. Des bus assurent régulièrement la liaison entre l'aéroport et Galway, avec un temps de trajet d'environ 2 heures et 30 minutes.

À Galway, chaque établissement de restauration propose des spectacles musicaux de haut niveau. Il est particulièrement recommandé de visiter "The Crane Bar" situé au 2, Sea Road, qui offre une scène aux meilleurs artistes de la région.

Situé à Dublin, parmi la multitude d'hôtels du quartier de Grafton Street, le remarquable « Trinity City Hotel » est un exemple emblématique de l'architecture géorgienne, qui a été rénové avec élégance et modernité. Pour en savoir plus, vous pouvez visiter le site trinitycityhotel.com.

Si vous souhaitez obtenir plus d'informations, vous pouvez visiter le site irlande-tourisme.fr.

Par Adrien Gombeaud.

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