"Le Tribunal du chien" : l'intérêt du cinéma pour les chiens
Actuellement diffusé en salle, "Le Tribunal du chien" réalisé par Laetitia Dosch, met en scène l'histoire folle d'un chien menacé d'euthanasie et défendu par une avocate devant un tribunal. Ce film mettant en vedette un chien confirme l'intérêt du cinéma pour ces animaux. Est-ce que les chiens comme le caniche ou le pitbull peuvent être considérés comme des acteurs à part entière ?
Écrit par Olivier De Bruyn
Si vous avez apprécié Messi, vous allez adorer Kodi. Il y a tout juste un an, à la rentrée, le film "Anatomie d'une chute" de Justine Triet, qui avait remporté la Palme d'or du Festival de Cannes trois mois plus tôt, commençait son succès dans les cinémas français, avant de connaître un triomphe international avec des récompenses aux Césars et une nomination aux Oscars dans la catégorie "meilleur film".
Parmi les acteurs principaux, on retrouve Sandra Hüller, qui incarne de manière impressionnante une romancière ambigüe, et le jeune Milo Machado-Graner, qui est troublant dans le rôle d'un enfant malvoyant. Et bien sûr, il ne faut pas oublier Messi, le border collie qui joue le rôle de l'aboyeur Snoop et qui a un rôle crucial dans l'histoire. Sa performance remarquable a fait monter en flèche sa popularité.
En France, il y a sept millions de chiens. Un an plus tard, un autre chien, loin de son abri, se révèle être un acteur talentueux dans le film "Le Procès du chien". La réalisatrice Laetitia Dosch met en scène une avocate en difficulté qui essaie de prouver que les chiens ont le droit à un procès équitable. Elle défend Cosmos, un chien accusé de morsures sur une femme et condamné à être euthanasié. Pour jouer ce rôle, un griffon croisé nommé Kodi, qui est aussi convaincant dans la salle d'audience que dans la vie quotidienne avec son maître excentrique François Damiens.
Le film "Le Procès du chien", réalisé par Laetitia Dosch, a permis au griffon croisé Kodi de remporter le prix comique Palm Dog 2024 à Cannes.
En regardant « Le Procès du chien » et en voyant les juges perplexes face à Cosmos et à sa situation, on rit beaucoup. La comédienne Laetitia Dosch ne se contente pas de faire rire, elle se pose également des questions sur le rôle des animaux dans notre société. En France, il y a plus de 7 millions de chiens, ce qui montre leur importance. Avec humour, la réalisatrice met en lumière les relations compliquées que nous entretenons avec nos fidèles compagnons à quatre pattes.
La popularisation des chiens
Il est important de se rappeler que le chien a été le premier animal domestiqué par les êtres humains. Ces derniers ont toujours attribué à cet animal certaines de leurs valeurs fondamentales – loyauté, courage, fidélité – et ont souvent utilisé l'anthropomorphisme dans leurs représentations, comme en témoignent des personnages célèbres tels que Droopy, Snoopy et Milou. Il n'est donc pas surprenant que sur l'affiche du film "Le Procès du chien", Kodi soit mis en avant et que ses partenaires soient relégués au rang de simples figurants parmi les hommes. Avec un tel caractère, il n'est pas étonnant que notre acteur à quatre pattes ait été récompensé lors du dernier Festival de Cannes par une Palm Dog, un prix original dont la renommée ne cesse de croître d'année en année.
Messi et Sandra Hüller ont joué dans le film "Anatomie d'une chute". Messi a remporté le prix Palm Dog à Cannes pour ce film, tandis que Sandra Hüller a remporté le prix César de la meilleure actrice. Le film a été produit par Les Films De Pelleas.
Le chien, souvent considéré comme le meilleur ami de l'homme, est devenu une véritable star au cinéma. Certains chiens, comme Uggie, le Jack Russell terrier qui a joué aux côtés de Jean Dujardin dans « The Artist » en 2011, ont même atteint une certaine célébrité dans les médias. Cependant, Messi, le chien qui a joué dans « Anatomie d'une chute », a reçu un traitement de faveur encore plus important.
Laura Martin Contini, une spécialiste des animaux, souligne l'importance croissante des chiens dans la société et dans le monde du cinéma. Aux États-Unis, cette tendance est encore plus marquée, comme en témoigne le succès de Messi, un chien devenu célèbre outre-Atlantique grâce à un film. Lors de la promotion du film pour les Oscars, Messi a été accueilli à Hollywood comme une véritable star, ce qui est rare pour un chien. Il semble apprécier l'attention médiatique et a même pris plaisir à marcher sur le tapis rouge à Cannes.
Uggie et Jean Dujardin ont formé un excellent duo dans le film "The Artist" réalisé par Michel Hazanavicius en 2011. Leur performance était remarquable.
Il ne faut pas penser qu'un succès au cinéma assure un avenir radieux au chien. Les propriétaires et les entraîneurs de nos compagnons à quatre pattes ne deviennent pas riches grâce au monde du cinéma. Les rémunérations des chiens varient en fonction du type de production, du nombre de jours passés sur le tournage et de l'importance du rôle, mais elles ne sont plus aussi élevées que celles accordées à certains animaux dans le passé. Par exemple, les propriétaires de Rintintin, la star canin d'Hollywood dans les années 1920, pouvaient gagner jusqu'à 6 000 dollars par semaine de travail devant les caméras. Aujourd'hui en France, on octroie généralement environ 200 euros par jour pour le tournage d'une publicité ou d'une fiction.
Messi participe à une tournée théâtrale. Il est important de noter que les carrières ne suivent pas toujours une trajectoire linéaire et qu'un succès passager ne garantit pas nécessairement le succès futur. Depuis sa participation à "Anatomie d'une chute", Messi n'a pas reçu de nombreuses propositions. Bien que Laura Martin Contini ait mentionné un éventuel projet américain dans lequel notre ami pourrait être impliqué, pour l'instant, ses fans devront se contenter de le voir jouer un petit rôle dans la nouvelle création d'Etienne Saglio intitulée "Vers les métamorphoses". Cette pièce sera en tournée en France à partir du mois d'octobre.
"L'Île aux chiens", réalisé par Wes Anderson, est une satire politique incisive présentée sous la forme d'un long métrage d'animation.
Messi, le chien star d'un film, fait partie d'une longue tradition de chiens qui ont connu un grand succès au cinéma et captivé les amateurs de films. Depuis l'époque du cinéma muet et de Charlie Chaplin dans "Une vie de chien", les films mettant en scène des chiens de toutes races agissant sans contrainte se multiplient et enchantent les amoureux des animaux. Ces films couvrent une grande variété de genres.
Elizabeth Taylor, une jeune fille de 11 ans à l'époque, a été réconfortée par son fidèle chien dans le film "Fidèle Lassie" (1943) alors qu'elle était atteinte de la varicelle. Gérard Depardieu et Victor Lanoux ont affronté des chiens terrifiants dans "Les Chiens" d'Alain Jessua (1979). Le saint-bernard de la série de films "Beethoven" a été un succès financier pour ses producteurs. Vittorio De Sica a ému le public en racontant l'histoire de l'amitié entre un retraité pauvre et son chien bien-aimé dans "Umberto D" (1952). Alejandro Gonzalez Inarritu a choqué les spectateurs avec des combats de pitbulls dans le film controversé "Amours chiennes" (2000).
Le film "La Belle et le Clochard", avec une scène devenue culte depuis 1955.
Dans un tout autre genre, Alain Chabat a brillé dans une comédie inoubliable en jouant le rôle principal dans "Didier" en 1997, et Tim Burton a régulièrement inclus des chiens fantastiques dans ses films. Il y a également de nombreux films d'animation qui mettent en avant des chiens, allant des grands classiques de Disney tels que "La Belle et le Clochard" en 1955 et "Les 101 Dalmatiens" en 1961, aux films plus originaux comme "L'Ile aux chiens" de Wes Anderson en 2018 et la série amusante "Wallace et Gromit".
L'école de formation d'acteurs pour chiens
Pour créer des films classiques mémorables, les dresseurs et les cinéastes ne sont pas les seuls à travailler dur. Dans l'ombre, les dresseurs et les coachs animaliers mettent tout en œuvre pour former des "acteurs" dignes de ce nom. Manuel Thomas, de l'entreprise Dog Trainer, est l'un des plus renommés et a notamment travaillé avec Kodi pour son rôle dans "Le Procès du chien". Sa priorité est le travail bien fait (pas d'improvisation) et le bien-être des animaux. Avant de commencer la préparation pour un film, ils réalisent un travail en amont invisible. Ils fonctionnent comme une école ou une académie pour les acteurs à quatre pattes. Ils vivent au quotidien avec les animaux, parfois recueillis dans des refuges. La formation pour devenir un chien acteur dure plusieurs années. Ils leur apprennent petit à petit tout ce qu'ils doivent savoir pour devenir des acteurs accomplis. Ce travail sur les bases du métier est essentiel.
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Lorsqu'un réalisateur fait appel à Manuel Thomas et son équipe, ils étudient attentivement le scénario et n'hésitent pas à demander aux auteurs de le revoir si certaines scènes sont trop compliquées pour les chiens. Manuel explique que chaque action que les chiens doivent effectuer pendant le tournage doit être soigneusement réfléchie. Par exemple, demander à un chien de s'asseoir peut sembler simple, mais sur un plateau de cinéma, cela peut être plus complexe. Il est important d'anticiper tous les aspects, comme l'emplacement de la caméra, le type de plan, la séquence, etc. Pour le film "Le Procès du chien", Laetitia Dosch a traité l'animal comme un personnage à part entière, ce qui exigeait une grande précision tout en préservant le plaisir. Il est essentiel que le travail ne supprime pas le côté ludique et amusant, aussi bien pour les chiens que pour les acteurs.
Malabar et Raphaël Quénard, deux talents prometteurs du cinéma révélés dans le film "Chien de la casse" (2023), qui a remporté le César du meilleur premier film.
Le résultat à l'écran est impressionnant et il est clair que Kodi a su répondre aux attentes de sa réalisatrice. Laetitia Dosch explique qu'elle ne voulait pas d'un chien comique comme Beethoven, qui jouerait sur son charme pour émouvoir à certains moments. Elle voulait éviter également de tomber dans l'extrême de la sauvagerie. Elle trouve la beauté dans le fait que les animaux de compagnie sont à la fois avec nous et ailleurs, ce qui les rend à la fois compréhensibles et mystérieux. Ils ont cherché à capturer l'intériorité et les émotions de leur héros. Laetitia Dosch compare Kodi à un Patrick Dewaere plutôt qu'à un Christian Clavier, refusant ainsi toute forme de cabotinage.
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A Cannes, en 2001, un journaliste anglais nommé Toby Rose a décidé de créer un prix amusant lors du Festival de Cannes : la Palm Dog. Ce prix récompense la meilleure performance canine parmi les films présentés sur la Croisette. Vingt-trois ans plus tard, cette plaisanterie continue de faire rire et de nombreux festivaliers attendent avec impatience de connaître le nom du gagnant. En 2024, Kodi, la star du film "Le Procès du chien", a remporté le prix, succédant à Messi en 2023 pour "Anatomie d'une chute", ainsi qu'à d'autres célèbres lauréats comme Brandy en 2019 pour "Once Upon a Time in Hollywood" de Quentin Tarantino, ou Tâhti en 2002 pour "L'Homme sans passé" d'Aki Kaurismaki. Chaque année, le gagnant reçoit un magnifique collier rouge fabriqué par la marque Oria & Guizmo, spécialisée dans les accessoires pour chiens.
Olivier De Bruyn
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