En collaboration avec OliviAnne, Anne Desmaison met en place des petits espaces verts en milieu urbain. Depuis deux ans, elle travaille à la végétalisation de la ville et à la réintroduction de la nature dans l'environnement urbain pour favoriser le lien avec la nature.
Écrit par Vicky Chahine
Dans ma première vie…
Je suis née dans les Alpes-de-Haute-Provence, j'ai vécu à Saint-Etienne et ensuite je suis retournée dans le sud, à Salon-de-Provence, pour commencer ma carrière dans le domaine de l'informatique. En même temps, j'ai acheté un petit terrain avec une soixantaine d'oliviers car cet arbre emblématique de ma région m'a touchée, même si je ne le connaissais pas vraiment. Après avoir obtenu un diplôme en oléiculture et suivi une formation d'oléologue, ma passion pour ce domaine s'est renforcée. Avec le temps, j'ai pu constater les effets du changement climatique sur la terre : la diminution de la production, la sécheresse, les incendies et les vagues de chaleur. La pandémie de Covid m'a amenée à réfléchir sur mon activité et j'ai décidé de me tourner vers un métier plus significatif, celui de la reforestation.
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… à une seconde
Motivée par l'idée de contribuer, même à une petite échelle, à la préservation de l'environnement, j'ai entrepris des recherches sur les méthodes de reforestation. En naviguant sur Internet, j'ai découvert en 1972 la méthode de reforestation développée par le botaniste japonais Akira Miyawaki. Cette méthode consiste à planter des plantes locales sur de petites surfaces en milieu urbain, allant de 100 à 1900 m², en impliquant à la fois les habitants et les collectivités. Après la création de ma société OliviAnne en 2022, j'ai contacté la mairie de Salon-de-Provence pour mettre en place une première parcelle de 205 m², financée par une entreprise locale. Une fois le projet approuvé, il a fallu choisir les plantes adaptées au terrain, préparer le sol en le décompactant et en y ajoutant des amendements.
Un projet de plantation en commun
Ensuite, nous avons demandé à des écoles, des habitants, des associations, des représentants de la ville, des employés de l'entreprise… Au total, 95 personnes sont venues participer à une journée de plantation des trente variétés sélectionnées. Chacun plante ce qu'il souhaite, où il le souhaite, pour recréer l'aléatoire de la nature. Ensuite, le sol est paillé pour le protéger, notamment de l'humidité. Il est surveillé pendant trois ans, désherbé manuellement chaque année et arrosé trois fois pendant l'été, puis on le laisse évoluer naturellement. En parallèle, nous avons créé trois mini-forêts à Pont-Saint-Esprit dans le Gard et une à Montpellier. Maintenant, je travaille avec un employé permanent ainsi que des prestataires temporaires. Nous semons entre novembre et mars ; le reste du temps est dédié à la vente des produits.
Anne Desmaison est la créatrice de la société OliviAnne. Cette information a été rapportée par Claire Gaby pour Les Echos Week.
Les mini-forêts que nous créons en ville ont de nombreux avantages. Elles permettent de reverdir la ville et de rapprocher les gens de la nature. Sur le plan environnemental, les plantes absorbent le dioxyde de carbone, filtrent les particules fines, favorisent la biodiversité et rafraîchissent l'air en générant de l'humidité. En tant qu'entreprise engagée, nous avons déjà planté 10 200 végétaux dans sept micro-forêts et une haie fruitière, avec la participation de 532 personnes. Nous envisageons également d'autres solutions pour créer des zones de fraîcheur, comme les toitures végétalisées. Cette année, j'ai reçu le prix des entrepreneuses Force Femmes & Helena Rubinstein, qui récompense les femmes de plus de 45 ans créant leur entreprise. Cela m'a apporté une grande visibilité, un financement pour embaucher en alternance et du mentorat. Pour l'avenir, je souhaite étendre l'activité d'OliviAnne dans le sud pour partager mon expertise des plantes méditerranéennes et réduire notre empreinte carbone.
Interview réalisée par Vicky Chahine
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