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Sept maisons vides : quand la folie et la banalité se rencontrent à Buenos Aires

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"Sept maisons abandonnées" : histoires de familles brisées à Buenos Aires

Le livre "Sept maisons abandonnées" de Samanta Schweblin présente des nouvelles perturbantes où la folie et la normalité se côtoient. Entre humour sombre et tragédie, ces récits de vies compliquées, capturés dans des maisons et appartements de la capitale argentine, nous laissent bouche bée et impressionnés.

Écrit par Philippe Chevilley

Il est rare de trouver un recueil de nouvelles aussi cohérent et marquant, qui déforme avec minutie la banalité de la vie quotidienne. Samanta Schweblin nous emmène à la découverte de Sept maisons vides à travers sept histoires de longueurs variées. Ces maisons ou appartements de Buenos Aires ne sont pas dépourvus d'habitants, mais de sens, de normalité et d'espoir. Les propriétaires ou locataires fantômes luttent contre l'absurdité de leur existence, leurs pertes de mémoire ou leur folie. L'écrivaine argentine, récompensée pour cet ouvrage du National Book Award du meilleur livre étranger en 2022, utilise un humour noir glacial qui suscite plus de grimaces que de sourires.

On peut imaginer la confusion de cette femme qui, depuis qu'elle est petite, accompagne sa mère en voiture pour visiter les maisons des voisins et l'aider à changer les jardins qui ne lui plaisent pas. Mais un jour, sa mère, de plus en plus désorientée, entre dans une maison luxueuse et y crée le chaos. De même, la situation de ce père divorcé est difficile, lorsqu'il arrive dans la maison de vacances de son ex-femme avec ses parents qui souffrent de démence. Dès leur arrivée, les deux personnes âgées se promènent nus dans le jardin et entrainent les jeunes enfants du couple dans leur danse naturiste.

Dans la nouvelle La Respiration caverneuse, une femme âgée souffrant de problèmes de santé se sent désespérée de ne pas mourir. Son obsession morbide et sa mémoire défaillante, qui l'ont amenée à oublier le nom de son fils décédé, la font peu à peu perdre pied. Elle compte sur son mari pour l'aider en tout, même si elle l'a elle-même servi toute sa vie, et elle n'apprécie pas qu'il se lie d'amitié avec le fils de la voisine, qu'elle considère comme un voyou. Le récit, de plus en plus tragique et étouffant, a un effet obsédant et hypnotique.

L'attrait des histoires de Samanta Schweblin réside dans leur mystère. La plupart sont énigmatiques ou incomplètes, donnant l'impression que les maisons et leurs habitants cachent encore des mystères, que le plus terrible reste à découvrir. On referme les portes de ces maisons abandonnées, un peu désorienté, sans savoir si l'on doit sourire ou pleurer.

Le livre "Sept maisons vides" écrit par Samanta Schweblin et traduit par Isabelle Gugnon, est publié aux éditions Grasset. Il fait 174 pages et est vendu au prix de 18 euros.

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