Annecy 2024: "Sauvages", un film qui rend hommage de manière humoristique et incisive aux peuples nomades. Le réalisateur de "Ma vie de Courgette" signe son retour avec ce film qui se distingue par ses décors de jungle à Bornéo et sa mise en lumière de la vie quotidienne du peuple Penan. Cependant, des interrogations subsistent quant à l'utilisation de l'humour dans le film.
Écrit par Léa Colombo
Le premier film de Claude Barras, "Ma vie de Courgette", a remporté un prix prestigieux au Festival d'Annecy. Il cherche maintenant à obtenir le même prix pour son nouveau film, "Sauvages", qui traite de la déforestation. Cependant, il est difficile de reproduire le même exploit. Même si le film est magique, même sans Céline Sciamma comme co-scénariste, l'intrigue souffre de la comparaison avec son précédent film. Malgré des animations magnifiques des animaux et des couchers de soleil, la narration laisse à désirer.
Kéria, une jeune fille descendant des Pénan, un peuple autochtone de Bornéo, vit en ville avec son père après le décès de sa mère. Sans être proche de ses origines ni de la nature environnante, sa vie est chamboulée par l'arrivée d'un petit singe orphelin, suivi de celle de son cousin Selai. Ce dernier, élevé dans la tradition Penan, est contraint de renoncer à son mode de vie pour éviter un conflit entre sa famille et une entreprise exploitant la forêt.
Malgré de beaux moments de courage et de beauté poétique où le réalisateur expose le racisme sans tabou de la compagnie forestière et explore la culture autochtone avec délicatesse et respect, Claude Barras a parfois tendance à trop s'appuyer sur l'humour pour transmettre ses messages aux spectateurs, qu'ils soient jeunes ou moins jeunes. Certaines blagues et jeux de mots semblent même avoir été conçus uniquement pour divertir le public français, loin de la réalité représentée dans le film.
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Par exemple, lorsque le jeune cousin de Kéria a plaisanté en chantonnant la chanson « Tous les cris les SOS » de Daniel Balavoine, était-il vraiment nécessaire de la choisir comme chanson finale pour promouvoir le respect des terres, des traditions et du langage des aborigènes ? De nombreuses idées créatives surprenantes sur le papier peuvent parfois perturber le récit, malgré les efforts de Claude Barras qui a passé plusieurs mois en Indonésie pour bien comprendre son environnement de travail.
Il s'agit d'une fable écologique touchante et impitoyable dès son titre astucieusement choisi, portée par un doublage de qualité (Babette De Coster, Martin Verset, Laetitia Dosch…) et le style artistique de Claude Barras qui, comme toujours, nous emmène avec facilité dans les luxuriantes forêts de Bornéo et nous donne envie de nous impliquer dans la lutte de cette famille unie et engagée pour sa survie. Un sentiment que le réalisateur semble avoir anticipé en partageant, avant la fin du générique, des moyens de participer à la préservation de notre planète. Le film sortira le 16 octobre 2024.
Léa Colombo
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