En 2024 à Cannes, Gilles Lellouche présente son nouveau film "L'amour déroutant", une histoire d'amour qui résiste à l'épreuve du temps. Après avoir réalisé "Le grand bain" il y a six ans, il revient avec une romance criminelle ambitieuse, peut-être un peu trop ambitieuse pour lui.
Écrit par Adrien Gombeaud
Dans un film qui n'a pas réussi, on peut souvent trouver les éléments d'un film réussi. Dans le film "L'amour ouf", on peut voir constamment la promesse d'un bon film… Si on regarde attentivement, on peut même le voir se dessiner.
Gilles Lellouche démarre son nouveau projet à toute vitesse. Dans l'obscurité, François Civil, le regard soucieux, les sourcils froncés et la mâchoire serrée, pointe une arme sur le tableau de bord. L'ambiance est tendue, emplie de peur et d'adrénaline. Des coups de feu retentissent, des silhouettes se dessinent sur le mur, les vitres volent en éclats… Retour en arrière.
Pendant les années 1980, à l'époque des cassettes, des lecteurs de musique portables, et des groupes comme Cure et Prince, Jacqueline tombe sous le charme de Clotaire. Ayant perdu sa mère très jeune, elle vit seule avec son père. Celui-ci, qui a arrêté l'école, fréquente de mauvaises fréquentations et traîne avec des individus dangereux. Leur histoire d'amour est intense et le scénario nous invite à les suivre de leur adolescence jusqu'à l'âge adulte, marqué par une fusillade. Clotaire devient un criminel, tandis que Jacqueline essaye de rester sur le droit chemin. Malgré leurs efforts, ils ne parviennent jamais à cesser de s'aimer.
Gilles Lellouche a adapté le roman intense de Neville Thompson en le situant dans le nord de la France. Il semble avoir été inspiré par ce texte au point de le visualiser avec une profusion d'images. Chaque scène est caractérisée par des mouvements de caméra dynamiques, des transitions fluides, des zooms, des angles de vue audacieux, des jeux d'ombres soignés… et avec tant d'effets visuels, le film atteint presque les trois heures de durée.
Les influences de cet exercice de patinage audiovisuel sont facilement reconnaissables. Le réalisateur partage les aspirations de ses personnages, qui cherchent tous à atteindre un absolu, à vivre une vie plus grande et plus intense que celle imposée par un destin étroit. Cependant, le film auquel Gilles Lellouche aspire a déjà été réalisé et ne lui appartient pas. En tant que réalisateur, il reste un acteur qui incarne le rôle de Martin Scorsese ou de Brian De Palma.
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Malgré tout, on peut trouver de très beaux moments de cinéma dans ce film. Vers la fin, Lellouche réalise une séquence remarquable. Clotaire et Jacqueline sont assis en face l'un de l'autre, dans un restaurant chinois situé dans une zone industrielle. À ce moment, il prononce une réplique touchante : « on n'aura rien de mieux que toi et moi ». La caméra se fixe sur eux, prend son temps pour capturer deux des plus beaux visages du cinéma français. On peut admirer le regard sombre de François Civil et le sourire enfantin d'Adèle Exarchopoulos. Au départ, une tendresse immense teintée de mélancolie pour les années perdues flotte dans ce court instant, puis laisse place à la confiance en leur avenir et à l'espoir de réinventer leur vie. C'est ainsi que se révèle le potentiel d'un bon film, un potentiel qui restera à jamais latent dans « L'amour ouf ».
Un amour fou
Compétition
Un film français réalisé par Gilles Lellouche
Avec les acteurs François Civil, Adèle Exarchopoulos et Alain Chabat. Durée du film : 2 heures et 46 minutes.
Adrien Gombeaud
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