Anouk Aimée, née en 1932 et décédée en 2024, était une actrice emblématique connue pour ses rôles dans des films tels que "Un homme et une femme", "La Dolce Vita" et "Lola". Sa mort à l'âge de 92 ans laisse derrière elle une empreinte délicate et envoûtante, ayant marqué plus de 70 ans de cinéma avec sa présence à la fois diaphane, sensuelle et mélancolique.
Écrit par Adrien Gombeaud
Une célèbre photo prise par Emile Savitry montre une jeune fille en noir et blanc, les cheveux au vent, caressant un petit chat. Une larme coule sur sa joue gauche. C'était en 1947, sur l'île de Belle-Ile-en-Mer, pendant le tournage de « La Fleur de l'âge » de Marcel Carné. Le film n'a jamais été terminé, donc on ne sait pas pourquoi l'actrice pleure. Elle a 14 ans et s'appelle Anouk. Jacques Prévert, le scénariste, lui dit que son nom est un peu court et qu'il faudrait qu'elle s'appelle Aimée. Elle décide de garder ce nom, choisi par un poète comme lui.
Un an après que le navire "La Fleur de l'âge" ait coulé, Anouk Aimée rejoint Jacques Prévert sur le tournage du film "Les Amants de Véronne" réalisé par André Cayatte. Ce film connaît un grand succès, ce qui marque le début d'une carrière cinématographique très prolifique pour Anouk Aimée. Elle jouera dans presque une centaine de films jusqu'à la fin des années 2010.
Anouk Aimée n'est pas une actrice qui cherche à se mettre en avant par des performances exagérées. Federico Fellini a remarqué qu'elle avait le talent de laisser sa marque sur la pellicule sans la détériorer. Dans le film "La Dolce Vita" de 1960, elle incarne une créature de la nuit qui garde presque toujours ses lunettes fumées. Trois ans plus tard, Fellini la dirige de nouveau dans "Huit et demi". Le réalisateur a décrit son personnage énigmatique en disant : "Il n'y a rien à chercher de plus en elle, au-delà de ce qu'on voit".
L'actrice Lola exprime avec certitude son identité dans le film réalisé par Jacques Demy en 1961 en déclarant : "Je suis celle que l'on appelle Lola".
Une carrière internationale
Dans les rues grises de Nantes, Lola change de style en passant d'un trench coat à une guêpière pour ses performances sur scène. Comme Anouk Aimée, elle incarne l'élégance bourgeoise française mêlée à un érotisme sauvage. Cela lui a valu une carrière internationale, apparaissant dans les films de réalisateurs italiens tels que De Sica, Bellocchio et Bertolucci. Le réalisateur polonais Jerzy Skolimowski l'a filmée à Londres dans « Le Succès à tout prix » (1984), tandis que le Nantais Jacques Demy l'a suivie à Los Angeles dans « Model Shop » (1969). Sidney Lumet, un réalisateur américain, l'a retrouvée à Rome dans « Le Rendez-vous » (1969), et Robert Altman l'a ramenée à Paris dans « Prêt à porter » (1994).
Personnage nocturne dans le film "La Dolce Vita".
Bien entendu, l'image de cette personne se construira principalement entre Paris et Deauville, à bord d'une Ford Mustang. En 1966, dans le film "Un homme et une femme", Claude Lelouch réussit à harmoniser son apparence décontractée avec l'ambiance hivernale normande. La force du film réside également dans l'harmonie des voix de Jean-Louis Trintignant et d'Anouk Aimée. Lui aime la vitesse, tandis qu'elle est insaisissable, même dans sa manière légèrement mélancolique de lui donner son numéro de téléphone : "Montmartre 15 40".
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Malgré sa longue carrière cinématographique, un rôle important et peu connu se cache dans l'œuvre de Marceline Loridan-Ivens. En 2003, elle réalise "La Petite Prairie aux bouleaux", un film inspiré de sa propre vie. L'histoire suit une femme vivant aux Etats-Unis qui retourne au camp de Birkenau, où elle a souffert de la faim et de la torture pendant la guerre. Pour jouer ce rôle, Marceline a choisi Anouk, qui était connue sous le nom de Nicole Dreyfus avant de devenir actrice. Pendant l'occupation, les parents d'Anouk l'avaient inscrite dans une école de Charente sous un faux nom pour éviter la persécution et la déportation.
En plus de sa grâce naturelle, on pouvait aussi percevoir une certaine blessure chez Anouk Aimée, une tristesse profonde figée dans son regard. En 2002, lorsqu'elle a reçu son César d'honneur, l'actrice a confié qu'elle n'avait jamais eu l'intention de faire carrière. Elle a ensuite exprimé son désir de se lancer malgré tout, avec le temps qui lui restait. C'est ainsi qu'Anouk Aimée est partie, à l'âge de 92 ans, laissant derrière elle un potentiel inachevé.
Écrit par Adrien Gombeaud
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