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La décarbonation des verriers : un processus qui prendra deux décennies

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Il faudra deux décennies pour que les verriers parviennent à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. En effet, le processus de fusion du verre dans les fours à gaz est responsable de 77 % de ces émissions dans le secteur. Cependant, il faudra attendre après 2030 pour pouvoir substituer la matière première utilisée dans ce procédé. En attendant, Verallia, une entreprise majeure du secteur, cherche à optimiser tous les aspects possibles.

Par moi-même, Ninon Rena

D'après une récente étude réalisée par CSA pour la fédération française du secteur, 84 % des Français ont une opinion positive du verre. De plus, 62 % des personnes interrogées préfèrent cet emballage, qui peut être recyclé indéfiniment, au plastique ou à l'aluminium pour un même produit alimentaire. Cette nouvelle est encourageante pour la France, dont l'industrie verrière est la deuxième en Europe après l'Allemagne.

L'ONG Zero Waste Europe a suscité une controverse en juin dernier. Selon une étude publiée par l'organisation, la fabrication d'un contenant en verre génère trois à quatre fois plus d'émissions de gaz à effet de serre que ceux en plastique (PET) ou en aluminium, tout au long de leur processus de décarbonation respectif.

Les fabricants de verre reconnaissent le problème et cherchent des solutions. Selon Romain Barral, directeur des opérations de Verallia, le poids du verre est un inconvénient par rapport au PET et à l'aluminium, qui sont beaucoup plus légers. Verallia, qui est le troisième plus grand fabricant mondial et le premier en Europe, prévoit de réduire de 3 % le poids de sa gamme standard de bouteilles d'ici 2025.

Wendy Kool-Foulon, directrice de la responsabilité sociale des entreprises et du département juridique de Verallia, indique que jusqu'à présent, 12 800 tonnes de verre ont été économisées depuis 2019. Elle souligne que cela représente un défi technologique et éducatif, car les bouteilles lourdes sont généralement perçues comme étant de meilleure qualité par les consommateurs.

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La réduction du poids des bouteilles ne contribuera que de manière marginale à l'objectif du groupe de parvenir à la neutralité carbone d'ici 2050. Une visite à l'usine de Verallia à Madrid suffit à le comprendre. Deux grands fours, entourés de briques réfractaires comme un sarcophage, font fondre quotidiennement à une température de 1 500 degrés Celsius un mélange de 800 tonnes de sable, de carbonate de soude et de calcaire qui sont déversés dans deux immenses silos pour produire 3 millions de bouteilles et pots.

Dans une chaleur étouffante, des gouttes de verre rougeoyantes sortent continuellement des fours et sont déversées dans des glissières pour être ensuite versées dans des moules en fonte. La forme du pot ou de la bouteille est rapidement façonnée à l'aide d'un poinçon, puis renversée et transférée dans un autre moule où le verre est étiré à l'aide de l'air jusqu'à atteindre sa forme finale. 90 minutes plus tard, les bouteilles sont prêtes à être livrées sur des palettes.

Les fours de l'usine d'Azuqueca, située au nord-est de Madrid, ont une efficacité énergétique de 75 % et utilisent uniquement de l'électricité verte. Cependant, malgré les améliorations apportées, ce processus reste très polluant en termes d'émission de gaz à effet de serre. En effet, la fusion du verre est la principale source de CO2, représentant 77 % des émissions, dont la majorité (72 %) est due au gaz utilisé pour alimenter les fours.

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À partir de 2028, le groupe a prévu de remplacer ses modèles actuels par des véhicules entièrement électriques ou hybrides, avec pour objectif à terme de remplacer les 20% de gaz restant par du biogaz ou de l'hydrogène. Le premier four électrique, développé en partenariat avec le groupe Fives, sera opérationnel sur le site de Cognac dès 2024, tandis qu'un modèle hybride sera lancé à Saragosse en 2025, puis dans l'usine historique de Saint-Romain-le-Puy en 2026.

Les limites de la récupération du verre

Verallia a prévu de consacrer 230 millions d'euros d'ici à 2030 à ce processus, qui ne devrait pas être achevé avant 2040. Le groupe ne souhaite pas précipiter le remplacement des fours, qui ont une durée de vie moyenne de douze ans. Par conséquent, l'ancienne filiale de Saint-Gobain travaille également sur le remplacement du carbonate de soude et du calcaire utilisés dans le processus de fusion. En effet, ces substances produisent 22 % des émissions de CO2 lors de la fabrication de la pâte de verre.

On a trouvé deux options pour remplacer le carbonate de soude par du calcaire, et un premier essai industriel va commencer dans les semaines à venir. Cependant, il faudra attendre jusqu'en 2030 avant de voir une nouvelle recette utilisant ces substituts à une échelle industrielle. En attendant, Verallia doit augmenter la quantité de verre recyclé (le calcin) utilisé dans sa production de verre.

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En utilisant un processus de recyclage à une température inférieure à celle de la fusion traditionnelle, il est possible d'économiser 5% de CO2 ainsi que 2,5% d'énergie pour chaque ajout de 10 points de calcin. Wendy Kool-Foulon explique qu'ils ont déjà économisé 95 000 tonnes de CO2 grâce à l'utilisation de calcin depuis 2019. Actuellement, l'entreprise utilise déjà 55,7% de verre recyclé dans la production de ses contenants et elle vise à atteindre 66% d'ici 2030.

Cependant, ce levier présente également des limitations. Il y a un manque de calcin et il est difficile de trier efficacement celui-ci pour produire du verre blanc. Dans les pays du nord de l'Europe, tels que l'Allemagne, où le tri est effectué par couleur, la quantité de calcin utilisée dans la fabrication de verre blanc n'est que de 50%. Cependant, le calcin représente entre 30% et 40% de la production de Verallia.

Selon Romain Barral, grâce à diverses mesures, "d'ici 2030, nous aurons déjà diminué nos émissions de CO2 de 45 % par rapport à 2019". Cependant, la décarbonisation totale s'annonce comme un chemin long et difficile.

Ninon Renaud, résidant actuellement à

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