Accueil Architecture Et Giscard vota Mitterrand : le parcours singulier de Frédéric Mitterrand vers l’Académie française

Et Giscard vota Mitterrand : le parcours singulier de Frédéric Mitterrand vers l’Académie française

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Dans sa chronique, Marc Lambron parle du soutien inattendu de Valéry Giscard d'Estaing à la candidature de Frédéric Mitterrand à l'Académie française. Cependant, malgré ce soutien, Mitterrand n'a pas été élu.

Écrit par Marc Lambron

Les jours ont passé et Frédéric Mitterrand n'est plus présent. Avant même de le connaître en tant que neveu d'une figure politique influente depuis les années 1950, on le connaissait pour sa réputation qui s'est construite dans les années 1970. Ce jeune homme avait pris en charge un cinéma délabré, l'Olympic, dans le quatorzième arrondissement de Paris, en devenant à la fois propriétaire et programmateur. Il était un peu comme une version alternative de la Cinémathèque, tout comme il était considéré comme un double de Mitterrand. Ses préférences cinématographiques reflétaient son propre portrait : une admiration passionnée pour les stars hollywoodiennes telles que Gene Tierney ou Kim Novak, les mélodrames de Douglas Sirk, ainsi que le cinéma égyptien avec ses acteurs charismatiques comme Faten Hamama ou Farid El Atrache. Lorsque l'Olympic a fait faillite, Frédéric a assumé la dette avec rigueur pendant de nombreuses années, considérant la vie comme un film où il faut payer ses dettes.

Avant de devenir célèbre en tant que personnalité publique, Frédéric Mitterrand était déjà connu pour son travail à la télévision, notamment pour son émission "Etoiles et Toiles" où il explorait le monde du cinéma avec passion. Sa signature était un joyeux "Bonsoir" qui concluait chaque portrait de célébrité. Lorsque je l'ai rencontré, il faisait déjà partie d'un groupe d'intellectuels influents réunis par Bernard Fixot chez Robert Laffont. Ce groupe comprenait des personnalités telles que Bernard Kouchner, Marek Halter, Luc Ferry, Franz-Olivier Giesbert et Nicole Wisniak, en plus de Frédéric Mitterrand et moi-même. À l'époque, seul Bernard Kouchner avait une expérience ministérielle, mais Luc Ferry et Frédéric Mitterrand allaient également se lancer dans la politique plus tard. C'était un groupe d'influenceurs en devenir.

Une silhouette qu'il a récemment retrouvée

Durant un hiver, il m'a invité dans sa résidence à Hammamet, qui était construite dans les remparts de la citadelle, sur une côte où des personnalités telles que Churchill, le célèbre photographe Hoyningen-Huene et le futur réalisateur Jean Negulesco avaient été vues. Frédéric partageait l'histoire de cet endroit sans utiliser de micro ni de caméra. Plus tard, à Rome, où il supervisait la Villa Médicis, je me souviens de le voir marcher dans les jardins une nuit de mai, en fumant un cigare à la manière de Zanuck devant les statues des demi-dieux de l'Antiquité. Lorsqu'il s'est présenté à l'Académie française, où l'ancien président que son oncle avait battu siégeait, il s'est produit quelque chose d'exceptionnel : Giscard a voté Mitterrand. Cela n'a pas suffi à le faire élire. Un des derniers messages que j'ai reçu de lui faisait suite à la diffusion d'un de ses documentaires sur Lana Turner. Il a commenté : "Lana, Lanita, un portrait de ma mère une fois de plus." Frédéric admirait cette icône du Paris des années 1950, une mère qu'il n'a jamais cessé de chercher à égaler. C'est probablement cette silhouette qu'il vient de retrouver.

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