Semaine de la mode pour hommes : le renouveau des stéréotypes masculins

Les marques Prada, Gucci, Vuitton, Emporio Armani et Wales Bonner explorent cette saison les stéréotypes de la masculinité, allant du cadre d'affaires au cow-boy en passant par le marin.

Par Astrid Faguer et Margaux Krehl

Le 14 janvier, dans les locaux réaménagés de la Fondation Prada en open space, parmi les invités assis sur des chaises de bureau à roulettes, des mannequins au look de businessmen défilent – le premier porte une cravate marron sur une chemise jaune pâle et un pantalon de costume noir. Sabato di Sarno a imaginé un homme également cravaté, marchant au son du tube Masculinity de Lucky Love, pour sa première collection homme chez Gucci.

La nouvelle collection automne-hiver 2024-25 de Prada apporte une touche de modernité à l'homme d'affaires.

Le jour précédent, lors du défilé Emporio Armani, un marin portant un bonnet et vêtu d'un manteau marin ou d'une marinière, a défilé au son de la chanson "Il Mare d'inverno" (1983) de Loredana Berte, éclairé par la lumière d'un phare. À Paris, dans un décor représentant les paysages de l'Ouest américain, avec des jeans évasés à franges, des vestes de travail, des chemises à carreaux rouge et noir épaisses, des chapeaux Stetson et des bottes de cowboy, Pharrell Williams propose une vision revisitée du cow-boy pour sa troisième collection chez Louis Vuitton homme.

Emporio Armani présente sa nouvelle collection automne-hiver 2024-25 avec une touche de style marin.

La créatrice Grace Wales Bonner s'est inspirée de l'université Howard de Washington DC, qui a été la première université à former des intellectuels noirs américains, pour sa collection "Dream Study". Elle revisite ainsi la figure de l'étudiant éternel en proposant des silhouettes principalement réalisées avec les tailleurs renommés de Savile Row, tels que Anderson & Sheppard.

Les créateurs de mode réexaminent les stéréotypes masculins, tels que l'homme d'affaires, le marin, le cowboy et l'étudiant américain, en tenant compte des débats actuels sur le genre, la masculinité toxique et la redéfinition des rôles dans les domaines public et privé.

La nouvelle collection automne-hiver 2024-25 de Wales Bonner nous ramène à l'époque des années étudiantes.

Selon Leyla Neri, anthropologue, sociologue et directrice du Master of arts in Fashion design à l'Institut français de la mode, le retour à un vestiaire apparemment très masculin est principalement une excuse pour revenir aux classiques tels que le costume, la cravate et le travail du cuir. Cela permet également de mettre en avant des pièces durables et d'afficher clairement une qualité artisanale. Cette approche est importante car c'est la seule chose qui fonctionne actuellement dans une période de crise, d'inflation et d'instabilité. Il ne s'agit en aucun cas d'une forme de provocation, de conservatisme ou de régression sociale de la part de ces maisons, qui traitent ces inspirations avec subtilité. Il faut comprendre que ces expressions ne doivent pas être prises au premier degré. Selon A. F., la fantaisie pure reviendra lorsque la stabilité économique et sociale sera rétablie, ainsi que la fin des tensions internationales.

Timberland domine le monde de la mode

Comment peut-on prédire le succès d'un produit commercial ? Si celui-ci a déjà été adopté par des célébrités de la musique, qu'on le voit plusieurs fois lors d'une même semaine de la mode et qu'il suscite une augmentation des recherches sur Google, alors c'est un bon début. Cette saison, Timberland, une marque renommée dans le domaine des vêtements d'extérieur, répond à tous ces critères. Leur bottine en nubuck couleur miel est une valeur sûre depuis sa création en 1973. Elle est maintenant la star de la semaine de la mode à Paris, revisitée par des marques prestigieuses telles que Louis Vuitton, Wales Bonner et White Mountaineering. De plus, elle est mise en avant dans une grande campagne publicitaire avec un message simple : "JE T'IMBS". Le marketing, une science complexe… M. K.

Astrid Faguer et Margaux Krehl sont les auteurs

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