Au cours du procès en appel de l'affaire Bygmalion, Nicolas Sarkozy nie toute implication pénale. L'ancien président est jugé pour le financement illégal de sa campagne présidentielle de 2012, qu'il a perdue. Pendant cinq heures, il a contesté les "histoires" et les "mensonges" et a accusé la société Bygmalion d'avoir profité de lui sans qu'il en soit conscient.
Par Valérie de Senneville
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Nicolas Sarkozy affirme qu'il n'était pas au courant et insiste sur le fait qu'il n'avait jamais eu l'intention de dépasser le plafond des comptes de campagne. Il souligne à plusieurs reprises ces "jamais" avec des gestes secs et nerveux de la main. Debout à la barre, vêtu d'un costume sombre, il se montre agité et demande à la cour de le comprendre absolument. L'ancien président de la République était convoqué devant la Cour d'appel de Paris ce vendredi dans l'affaire Bygmalion concernant les dépenses excessives de sa campagne présidentielle perdue en 2012.
Pendant cinq heures, il a fermement nié toute responsabilité criminelle, dénonçant les histoires inventées et les mensonges, et accusant la société Bygmalion d'avoir fait des bénéfices dans son dos. "Je n'ai jamais été au courant d'une fraude, je n'ai jamais demandé une fraude, et je n'ai jamais bénéficié d'une fraude"… "Si je n'ai rien demandé, si je n'étais pas au courant, où est l'intention criminelle ?", s'est interrogé Nicolas Sarkozy avec confiance.
Depuis le 8 novembre, l'ancien président est en train d'être jugé à nouveau aux côtés de neuf autres personnes qui ont fait appel de leur condamnation en septembre 2021, soit partiellement, soit en totalité. Lui-même a été condamné en première instance à un an d'emprisonnement ferme pour financement illégal, car il a dépassé le plafond légal des dépenses de sa campagne (qui s'élevait à près de 43 millions d'euros, alors que le plafond légal était de 22,5 millions). Contrairement à ses co-accusés, il n'est pas impliqué dans le système de fausses factures mis en place pour dissimuler cet excès de dépenses.
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Dans sa décision, la cour pénale a noté que l'ancien résident de l'Elysée avait continué à organiser des rassemblements électoraux, en demandant même un meeting par jour, malgré les avertissements écrits qu'il avait reçus concernant le risque de dépassement des limites légales, qui s'est finalement produit.
Nicolas Sarkozy réfute à nouveau l'idée que sa campagne ait été grandiose. Il rejette l'idée selon laquelle il aurait été traité comme un monarque, entouré de courtisans et transporté dans une chaise à porteur. Il affirme ne pas avoir eu cette impression visuellement.
De nombreuses interruptions se produisent. Il s'énerve en disant : "C'est ma réputation qui est en jeu". La présidente réplique : "C'est plutôt votre culpabilité". L'ancien président rétorque : "Ma réputation est également en jeu, ce n'est pas une plaisanterie, c'est une affaire sérieuse".
La cour interroge vivement Nicolas Sarkozy, le ramenant constamment à l'ordre lorsqu'il s'éloigne du sujet. "Plusieurs personnes ont affirmé qu'il était impossible de ne pas remarquer qu'il y avait eu un dépassement", souligne la juge. "C'est un mensonge flagrant", réplique Nicolas Sarkozy.
La présidente montre un grand courage et ne se laisse pas impressionner, tandis que l'ancien chef de l'Etat ne cache parfois pas son agacement, notamment lorsqu'il affirme avoir tenu autant de réunions publiques en 2012 que lors de sa campagne victorieuse en 2007. La magistrate lui rappelle alors qu'il est difficile de le prendre comme référence, étant donné qu'elle fait l'objet de poursuites, faisant allusion aux soupçons de financement libyen pour lesquels il sera jugé en 2025.
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DOSSIER – Les confrontations de Nicolas Sarkozy avec la justice.
Comme lors du premier procès, Nicolas Sarkozy affirme que des personnes proches de Jean-François Copé – Jérôme Lavrilleux, qui occupait un poste de direction dans l'équipe de campagne, et l'agence de communication Bygmalion – se sont enrichis. Il affirme que ces accusations sont absurdes et qu'elles sont une tentative de justifier comment l'argent a pu être détourné dans toutes les directions. Il critique également Jean-François Copé en affirmant que si ce dernier n'avait pas été secrétaire général de l'UMP, l'équipe d'Event ou de Bygmalion n'aurait jamais été impliquée dans la campagne.
Dans les interrogatoires précédents, Guy Alves, l'ancien directeur général de Bygmalion, a déclaré que Nicolas Sarkozy était finalement le seul à avoir bénéficié du système de fausses factures, une opinion partagée par Jérôme Lavrilleux, qui a affirmé jeudi que tout avait été fait dans l'intérêt du candidat.
Nicolas Sarkozy est confronté à de nouveaux problèmes judiciaires, en plus des autres affaires auxquelles il est déjà confronté. En mai dernier, il a été reconnu coupable dans l'affaire des écoutes téléphoniques, appelée affaire Bismuth, et condamné à une peine de trois ans d'emprisonnement, dont un an ferme. Il a fait appel de cette décision devant la Cour de cassation.
L'ancien président sera jugé en 2025 pour les accusations de financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007. En outre, il a été inculpé au début d'octobre dans le volet de cette affaire concernant la rétractation de l'intermédiaire Ziad Takieddine.
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