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Prix littéraires 2023 : Le palmarès idéal des Echos

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Le palmarès des Echos pour les prix littéraires de 2023 sera dévoilé à partir du lundi 6 novembre, comprenant les lauréats du Femina, du Goncourt, du Renaudot et du Médicis. Les critiques des Echos ont fait leur sélection parmi les finalistes français et étrangers, et voici leur palmarès préféré, mettant en avant le roman percutant de Neige Sinno, intitulé "Triste tigre".

Rédigé par Philippe Chevilley, Isabelle Lesniak, Alexandre Fillon et Marceau Cormerais

Les décisions finales approchent : à partir du lundi 6 novembre, les gagnants des prix littéraires seront annoncés les uns après les autres : Femina, Goncourt, Médicis, Grand Prix de littérature américaine… Il est difficile de faire des prédictions, car les votes des jurés sont souvent imprévisibles. Il faut également se méfier des engouements passagers. Par exemple, le roman de Maria Pourchet "Western", qui était annoncé comme l'un des romans incontournables de l'automne, n'est plus sélectionné nulle part.

En ce dernier tronçon de la compétition, nous pouvons seulement mentionner les noms de quelques favoris, considérés comme tels car ils apparaissent sur plusieurs listes et ont constamment fait parler d'eux depuis la rentrée. C'est le cas de Neige Sinno, Jean-Baptiste Andrea, Eric Reinhardt et Gaspard Koenig. Concernant Dominique Barberis et Kevin Lambert, ils ont déjà été récompensés, le premier ayant reçu le prix Décembre et la seconde ayant remporté le Grand Prix de l'Académie française – cela ne signifie pas pour autant qu'ils sont exclus de la course.

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Les quatre finalistes du Prix Goncourt 2023 ont été annoncés.

La rentrée littéraire de cette année se démarque par son caractère sobre et unique.

Au lieu de prendre des risques avec des paris incertains, nous vous présentons notre sélection idéale, basée sur nos lectures et nos critiques publiées depuis la fin du mois d'août. En nous limitant aux listes récemment établies et en ne considérant que les romans (français ou étrangers) sélectionnés. Voici les gagnants virtuels des prix littéraires 2023 choisis par Les Echos.

Le livre « Triste tigre » de Neige Sinno a remporté le Prix Goncourt. Sa lecture ne laisse personne indemne. C'est un livre extraordinaire qui ne peut pas être classé dans les genres habituels tels que l'autofiction ou la non-fiction. L'auteure, Neige Sinno, raconte l'inimaginable : de l'âge de 7 à 14 ans, elle a été victime de viols quasi quotidiens de la part de son beau-père. Dans son ouvrage, elle revient sur ces années de souffrance avec une précision, une clarté et une objectivité impressionnantes. « Triste tigre » est bien plus qu'un simple témoignage, c'est un livre-manifeste qui pousse le lecteur à réfléchir à l'inconcevable et à le combattre. Déjà récompensé par les prix « Le Monde » et « Les Inrocks », il est le chef de file de la rentrée littéraire et mérite donc le prix le plus prestigieux. Ph.C.

Sorj Chalandon a écrit un livre puissant et empreint d'émotions, intitulé « L'Enragé ».

Le Prix Renaudot a été décerné à "L'Enragé" de Sorj Chalandon, qui marque le retour de l'auteur à la fiction. Bien que ce soit son onzième roman, celui-ci ne s'inspire pas directement de son histoire personnelle comme "Mon traître" ou "Enfant de salaud", mais il est basé sur un fait réel. En 1934, 56 enfants se sont évadés de la colonie pénitentiaire de Belle-Ile-en-Mer où ils étaient emprisonnés. Tous ont été rattrapés, sauf un. On prétend qu'il s'est noyé, à moins qu'il n'ait trouvé refuge chez l'un des rares habitants de l'île qui n'a pas participé à la recherche de l'enfant, moyennant une pièce d'argent. C'est à ce garçon fantôme, Julien Bonneau, surnommé La Teigne, que le journaliste écrivain dédie ce livre. Il lui attribue un destin de révolté. Ce magnifique roman de colère et d'humanité, imprégné de nuit, de pluie et de brume marine, est traversé par la figure du poète Jacques Prévert.

Le livre gagnant du Prix Femina français de cette année est "Veiller sur elle" écrit par Jean-Baptiste Andrea et publié par L'Iconoclaste. Jean-Baptiste Andrea, qui a déjà remporté le prix RTL-Lire en 2021 pour son livre "Des diables et des saints", a également été récompensé du prix du roman FNAC 2023 pour "Veiller sur elle". Ce quatrième livre est le plus ambitieux et le plus réussi de l'auteur jusqu'à présent. Sur près de six cents pages, l'histoire suit le destin d'une statue mystérieuse et de deux personnages qui n'auraient jamais dû se croiser : Mimo, un sculpteur surdoué né dans la pauvreté et handicapé, et Viola, la fille d'un riche marquis en quête de liberté. Le lecteur les suit dans des villes telles que Florence, au bord de l'Arno, Rome et Palerme. Jean-Baptiste Andrea nous emmène à travers le XXe siècle en offrant de nombreux rebondissements à ses lecteurs. Ce roman populaire, magnifiquement écrit, apporte une enchantement bienvenu dans cette époque anxiogène. A.F.

Le livre intitulé "Veiller sur elle" représente l'œuvre la plus audacieuse de Jean-Baptiste Andrea.

Le Prix Femina étranger a été attribué cette année à "Le Portrait de mariage" de Maggie O'Farrell, publié par Belfond. Après son roman "Hamnet", une réinvention brillante de la vie de Shakespeare, l'auteure irlandaise plonge dans l'histoire de Lucrèce de Médicis, une duchesse de Ferrare éphémère décédée à l'âge de 16 ans en 1561. Dans ce livre fascinant, O'Farrell s'éloigne de la réalité historique tout en capturant l'essence d'une époque à la fois cruelle et raffinée. Au-delà d'une simple chronique de la Renaissance italienne façon thriller, l'auteure nous raconte l'histoire choquante d'un féminicide d'État. Jouant avec les faits historiques et la littérature, Maggie O'Farrell nous offre un récit sombre et contemporain, à la fois baroque et universel. Bien que considéré comme un outsider dans cette sélection, ce livre mérite selon nous cette distinction.

Traduction réalisée par Sarah Tardy à partir de l'anglais.

Maggie O'Farrell, une auteure irlandaise, nous offre une évocation extraordinaire de Lucrèce de Médicis avec son livre intitulé "Le Portrait de mariage".

Le livre gagnant du Prix Médicis français est "Sarah, Susanne et l'écrivain" écrit par Eric Reinhardt et publié par Gallimard. Eric Reinhardt a toujours aimé créer des mises en abîme et des jeux de miroirs, qu'il construit avec talent comme un artiste plasticien. Comme dans ses précédents livres, "Sarah, Susanne et l'écrivain" explore les liens entre l'auteur, l'inspiration qu'il puise et le personnage de fiction qu'il crée. La réalité et la fiction se mêlent et se renforcent pour créer une sorte de "lanterne magique" qui produit des images déroutantes. Dans ce livre, on ne découvre ni le véritable témoignage de Sarah, ni la façon dont l'écrivain l'a transformée en personnage de fiction. Au lieu de cela, on assiste aux échanges entre les deux parties concernant le livre en cours d'écriture. Seuls quelques détails permettent de comprendre qui parle à chaque moment. C'est un vrai jeu de piste pour les lecteurs avertis, et il a également été finaliste pour le Prix Goncourt.

Le Prix Médicis étranger a été décerné à "Comment aimer sa fille" de Hila Blum (Robert Laffont). Ce roman raconte l'histoire d'une mère israélienne qui aime tellement sa fille qu'elle réussit à la faire partir à 5 000 kilomètres de Jérusalem. On se demande quel événement tragique a pu se produire pour que Léa, qui était pourtant désirée et choyée par ses parents, décide de partir aux Pays-Bas dès ses 18 ans et de couper les ponts avec sa mère qui l'a accompagnée dans tous les moments importants de sa vie. Dans ce deuxième roman (le premier à être traduit en France), Hila Blum choisit de ne donner que le point de vue de la mère, qui se retrouve brutalement exclue de la vie de son enfant. Le récit est à la fois intriguant et émouvant. Comme le souligne tristement l'auteure, en "préparant leurs filles à la vie", les mères causent souvent du malheur. I.L.

Transcrit en français par Valérie Zanetti.

Dans son œuvre intitulée "Le Café anonyme", l'écrivain autrichien Robert Seethaler évoque les esprits de Vienne en 1966, à un moment où la ville est sur le point de subir d'importants changements urbains.

Le livre "Le Café sans nom" de Robert Seethaler, publié par Sabine Wespieser Editeur, a remporté le Prix Médicis étranger ex aequo. Dans ce roman, l'écrivain autrichien de 57 ans évoque les fantômes de toute une ville, Vienne, en 1966, à l'aube d'une transformation urbaine majeure. Bien que centré sur le personnage principal, le gérant du café, ce n'est pas vraiment un roman choral car de nombreux personnages passent par cet établissement modeste situé à l'entrée du quartier populaire des Carmélites. Tous ont vécu la guerre, le nazisme, les destructions, et gardent en eux le souvenir du passé glorieux de la ville impériale. Alors que des chantiers se multiplient, ils rêvent dans les allées du Prater ou sur les rives préservées du Danube. À travers les portraits magnifiques du tendre cafetier, de sa serveuse et de ses clients, Robert Seethaler offre un condensé d'humanité ainsi qu'une ode nostalgique à sa ville natale.

Elisabeth Landes et Herbert Wolf ont effectué la traduction de l'allemand.

Notre Prix Interallié a été décerné à "Humus" de Gaspard Koenig, publié par les Editions de l'Observatoire. Récemment, Gaspard Koenig était plus actif du côté des pages politiques des Echos. Cependant, l'écrivain-philosophe revient à la fiction avec ce cinquième roman brillant et lumineux, qui aborde les questions écologiques et sociales de la décennie. On peut se demander s'il s'agit d'un roman initiatique, d'un essai déguisé, d'une épopée philosophique ou d'une fresque sociale. En réalité, c'est un peu de tout cela, rassemblé et transformé par l'auteur. La grande force d'"Humus" réside dans cette fusion littéraire où les vers de terre hermaphrodites, appelés lombrics, se multiplient, repeuplent et revitalisent les terres, tandis que les corps des personnages s'entremêlent dans des relations amoureuses modernes et des amitiés sincères. Dans ce roman, tout est un tourbillon de vie façonné dans la chair et la terre. Notre choix se base sur la deuxième liste du prix Interallié, annoncée le 2 novembre. Les finalistes seront dévoilés le 9 et le lauréat sera proclamé le 22. M.C.

En tant que jury du Grand Prix de littérature américaine, nous devons respecter le devoir de réserve avant le vote final qui aura lieu la semaine prochaine. Trois livres majeurs sont encore en lice, avec des chances égales : "L'invitée" d'Emma Cline (Quai Voltaire), qui raconte l'histoire d'une jeune femme vivant aux dépens des hommes qu'elle séduit et arnaque ; "Un monde de ciel et de terre" d'Aleksandar Hemon (Calmann-Lévy), un road-book halluciné qui suit deux soldats amoureux pendant les deux guerres du XXe siècle ; et "Le grand cercle" de Maggie Shipstead (Presses de la Cité), une fresque virtuose de 800 pages qui confronte les destins de deux femmes rebelles, une pionnière de l'aviation et une actrice, à une distance de trois quarts de siècle. Ph.C.

Gaspard Koenig est inclus dans la liste finale du prix Interallié. Il est également en compétition pour le Goncourt et le Renaudot.

Liste des événements majeurs prévus pour l'automne:

-Le Grand Prix du roman de l'Académie française aura lieu le 26 octobre. La gagnante de cette année est Dominique Barberis avec son livre intitulé "Une façon d'aimer" publié par Gallimard.

La remise du Prix Décembre aura lieu le 31 octobre. Le gagnant de cette année est Kevin Lambert pour son livre intitulé « Que notre joie demeure ».

La remise du Prix Femina aura lieu le 6 novembre.

La remise du prix Goncourt aura lieu le 7 novembre.

-La remise du Prix Renaudot aura lieu le 7 novembre.

La remise du Prix Médicis aura lieu le 9 novembre.

La remise du Grand Prix de littérature américaine aura lieu le 10 novembre.

La liste finale du Prix interallié sera annoncée le 9 novembre, et la remise du prix aura lieu le 22 novembre.

Le Prix Goncourt des lycéens sera décerné le 23 novembre.

Les auteurs de cet article sont Philippe Chevilley, Isabelle Lesniak, Alexandre Fillon et Marceau Cormerais.

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