Kevin Lambert, un écrivain québécois, a été mentionné dans plusieurs listes de prix pour son livre "Que notre joie demeure". Cependant, la controverse autour de la lecture sensible a souvent pris le dessus dans les discussions. Au-delà des questions éditoriales, le texte lui-même est décevant en raison de ses lacunes. Bien que le personnage principal s'appelle Céline, la manière maladroite dont Proust est transposé dans le récit est gênante à la lecture.

Marceau Cormerais s'exprime dans

En 2019, l'écrivain Kevin Lambert, originaire du Québec, a remporté le prestigieux prix Sade pour son roman "Querelle Roberval". Ce récit met en scène un conflit syndical et explore de manière intense et brûlante le thème de l'homosexualité, s'inspirant de l'œuvre "Querelle de Brest" de Jean Genet, dont Lambert reconnaît ouvertement l'influence. Quatre ans plus tard, dans son troisième roman intitulé "Que notre joie demeure", l'auteur délaisse le monde ouvrier pour se plonger dans le milieu des élites.

L'histoire suit Céline Wachowski, une architecte renommée qui prévoit de laisser sa marque à Montréal avec un projet visant à accueillir le siège d'une grande entreprise internationale. Cependant, il y a un problème : cela implique l'expulsion de certains résidents. Cette situation entraîne de la colère et une chasse à l'homme commence : Céline, qui était autrefois une icône animant sa propre émission sur Netflix, devient maintenant la coupable, une milliardaire déconnectée qui contribue à la gentrification des quartiers populaires de la capitale québécoise.

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Pensé comme une critique douce envers les riches qui vivent paisiblement, réduits à répéter sans cesse "que notre bonheur perdure", pendant que les émeutiers frappent à leurs portes, le livre de Kevin Lambert raconte également la confrontation entre deux industries éditoriales qui ont des positions opposées sur l'utilisation de lecteurs sensibles chargés de trouver dans le texte ce qui pourrait offenser les minorités.

La querelle éditoriale commence avec un communiqué de la maison d'édition de Kevin Lambert. Dans ce communiqué, il est expliqué que Kevin Lambert a fait appel à son amie, Chloé Savoie-Bernard, une poète et professeur, pour s'assurer que les parties de son texte concernant la diaspora haïtienne ne sont pas stéréotypées. À la fin du communiqué, il est précisé que la lecture attentive n'est pas une forme de censure, contrairement à ce que pensent les "réactionnaires".

Nicolas Mathieu, qui a remporté le prix Goncourt en 2018, s'exprime sur Instagram pour critiquer le fait que la lecture sensible soit considérée comme un critère de qualité littéraire. Il souligne également le caractère simpliste de l'opposition entre les partisans de la lecture sensible et les réactionnaires, en précisant qu'il ne fait pas partie de ce dernier groupe.

Lorsque Lambert répond à Mathieu, ce dernier clarifie sa position en insistant sur le fait qu'il critique avant tout une communication éditoriale intellectuellement malhonnête, et les médias relaient cette controverse des deux côtés de l'Atlantique. Maintenant que la tempête est passée, les deux hommes se sont expliqués en affirmant publiquement que cette "querelle" n'était en rien personnelle. Depuis lors, Nicolas Mathieu a choisi de ne plus s'exprimer sur ce sujet, refusant de "remettre de l'huile sur le feu".

Depuis des siècles, la relecture a été une étape essentielle du processus d'édition. Kevin Lambert, en tant qu'écrivain, éditeur ou lecteur, a la liberté de faire lire son texte à qui il le souhaite. Bien que la récente controverse avec Nicolas Mathieu ait suscité des interrogations sur cette pratique anglo-saxonne, cela n'est pas le sujet principal. En dehors de la lecture sensible, il est important de parler de la lecture en général, en particulier celle de "Que notre joie demeure".

Les personnages du roman "Querelle de Roberval" sont froids, tandis que dans "Que notre joie demeure" on ressent fortement l'influence de Proust. Le roman commence par une longue introduction se déroulant lors d'une soirée chic où des personnes influentes socialisent. Lambert, l'un des personnages, lit "La Recherche du temps perdu" à ses personnages tout au long du récit, et les phrases utilisées sont très longues, presque interminables. On peut dire que l'auteur se met dans la peau de Proust, en utilisant sa ponctuation et son style d'écriture.

Malheureusement, la version moderne de la cathédrale en papier n'a aucun lien avec le béton qui est décrit dans l'histoire de Kevin Lambert. L'intrigue manque de profondeur et les personnages sont aussi froids que les halls d'hôtels. Dans « Que notre joie demeure », l'histoire se concentre sur la tempête intérieure de Céline Wachowski et on ressent une volonté inhabituelle d'impartialité de la part de Kevin Lambert.

Il est difficile de mesurer l'influence de la lecture attentive sur la version définitive du texte, mais le fait de revenir constamment sur la condition et les origines des personnages finit par devenir lassant. Dans cette confusion identitaire, on ne voit plus que des représentations simplistes.

Le débat autour de « Que notre joie demeure » a transformé ce roman en symbole éphémère de l'affrontement fictif entre les courants "modernes" et "réacs". Cependant, d'un point de vue strictement littéraire, il s'agit d'un livre dont la structure est lourde et dont le langage artificiel sonne faux. Les personnages, qui sont réduits à de simples allégories de leur ethnie ou de leur sexualité, se déplacent à travers une intrigue dépourvue de puissance.

Un roman québécois intitulé "Que notre joie demeure" écrit par Kevin Lambert.

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