Une brillante interprétation de Xavier Gallais donne vie à la sombre comédie de Molière, "Dom Juan", dans une mise en scène onirique de Macha Makeïeff à l'Odéon. Le personnage principal, un prédateur en fin de parcours, est vaincu par les femmes dans un spectacle enflammé et captivant.
Écrit par Philippe Chevilley
Il est agité, sarcastique, lâche, arrogant, bagarreur, hyperactif, au bord de l'explosion. Dans la version de Dom Juan par Xavier Gallais et dirigée par Macha Makeïeff au Théâtre de l'Odéon, le personnage n'est pas le séducteur triomphant habituel. Il brille encore, mais ses jours de gloire sont comptés. C'est un libertin épuisé, en fin de course, qui parvient à peine à surprendre son fidèle valet, Sganarelle (interprété avec clarté et émotion par Vincent Winterhalter). Ses dernières conquêtes lui résistent, elles se rebellent. Même Elvire, qu'il a abandonnée juste après leur mariage, interprétée avec passion et détermination par Irina Solano, refuse de se laisser considérer comme une victime.
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Dans sa mise en scène de la comédie de Molière, Macha Makeïeff a situé l'action au XVIIIe siècle, créant un bal libertin sauvage inspiré par le Divin Marquis. Elle a choisi de concentrer toute l'histoire dans la maison de Dom Juan ou à sa porte, réinventant ainsi l'unité de lieu. Les scènes de séduction des paysannes, la querelle avec les frères d'Elvire et même la présence du Commandeur hantent le personnage du séducteur. Dom Juan est tour à tour un libre penseur sans scrupule et un faux dévot à la manière de Tartuffe, défiant les démons d'un univers mental troublé.
La scénographie de Macha Makeïeff, qui semble sobre au premier abord, révèle progressivement ses éléments baroques, avec un intérieur peint d'un clavecin, le confort d'une alcôve et un ciel trouble en arrière-plan. Brillamment éclairé par Jean Bellorini, directeur du TNP de Villeurbanne où le spectacle a été présenté, l'antre de Dom Juan ressemble à une antichambre de l'enfer, à la fois séduisante et horrifique. La scène finale, où le héros gît sur le sol dans une teinte écarlate, rappelle une œuvre d'art. Les fantômes de ses conquêtes défilent en arrière-plan. Le spectre qui l'a envoyé en enfer est une Commandeuse (Xaverine Lefebvre). Dom Juan, vaincu par les femmes…
Engagé dans sa critique de la masculinité toxique et de l'hypocrisie religieuse, ce « Dom Juan » de style néobaroque se distingue par son esthétique onirique. Malgré cela, il conserve un aspect comique, notamment grâce aux échanges plus ou moins subtils avec Sganarelle et à l'humour second degré des jeunes acteurs Joaquim Fossi et Anthony Moudir, qui provoquent le rire. Ce rire peut être qualifié de mordant dans cette comédie sombre, où le mal se propage sans avoir besoin de Dieu ou du diable. Grâce à l'interprétation exceptionnelle de Xavier Gallais, l'acteur phare de la pièce, Macha Makeïeff nous confronte à notre nature humaine fragile.
Dom Juan est une pièce de théâtre écrite par Molière.
Direction artistique par Macha Makeïeff.
Situé dans le 6e arrondissement de Paris, le Théâtre de l'Odéon
du vingt-trois avril au dix-neuf mai.
Le site web du théâtre Odeon
Philippe Chevilley, un
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