À la galerie Gagosian de Paris, l'exposition de Richard Avedon, célèbre portraitiste américain, présente une égalité entre danseurs renommés, icônes de la mode et personnes issues de l'esclavage ou de familles de fermiers de l'Ouest américain. L'exposition est ouverte jusqu'au 2 mars.

Par moi, Pierre de Gasquet

Est-ce un créateur d'icônes ou un cultivateur d'icônes ? Richard Avedon, un photographe américain né à New York en mai 1923, peut se vanter d'avoir pris les portraits les plus emblématiques des stars de sa génération : Marilyn Monroe, Brigitte Bardot, Jackie Kennedy, Bob Dylan ou Elizabeth Taylor… Mais il ne s'est pas limité à cela. Il a également immortalisé les mineurs, les vagabonds et les fermiers de l'Ouest américain. À l'occasion du centenaire de sa naissance, la galerie Gagosian propose une rétrospective impressionnante de ses portraits jusqu'au 2 mars. C'est l'occasion de redécouvrir la vaste gamme, en noir et blanc, d'un des photographes portraitistes les plus percutants du XXe siècle.

Selon Joshua Chuang, le nouveau directeur du département photo de Gagosian, dans les années 1950, les artistes les plus renommés qui étaient préoccupés par leur propre image se tournaient vers Avedon pour qu'il réalise leurs portraits. À l'époque, il était le photographe le plus sollicité dans les cercles artistiques. C'est à Paris que le célèbre photographe américain a photographié des personnalités telles que Coco Chanel, Brigitte Bardot, Rudolf Noureev, Alberto Giacometti, et il est notamment connu pour sa célèbre photo de Dovima et les éléphants (1955) pour Harper's Bazaar, qui s'est vendue 841 000 euros chez Christie's en 2010.

Les photographies de Richard Avedon reflètent plus de sa personnalité que des sujets qu'il capture. Il considère ses photos comme une interprétation subjective dans laquelle il exprime ses propres aspirations, ses liens amicaux et son souhait d'être immortalisé. Richard Avedon est proche de Francis Bacon, Truman Capote et James Baldwin, et il est attiré par les personnalités tourmentées.

En collaboration avec James Baldwin, un écrivain afro-américain connu comme le "nègre de personne", il réalise un portrait surprenant où il dissimule la moitié de son visage derrière le masque de son ami de longue date. Avec Truman Capote, un auteur talentueux connu pour son œuvre "Prières Exaucées", il a immortalisé les derniers membres influents de la "jet-set" internationale tels que Marella Agnelli (absente de l'exposition) ou Jacqueline de Ribes. L'un est représenté de face, l'autre de profil, comme deux camées en noir et blanc gravés à jamais.

Cependant, on peut voir des visages emblématiques partout. Une de ses photos les plus frappantes est celle de William Casby (1963), considéré comme l'une des dernières personnes à être née en esclavage en Louisiane. À partir des années 1970, Avedon se concentre davantage sur les vagabonds, les ouvriers et les employés. Il s'implique complètement dans un projet colossal où il réalise des milliers de portraits, sur un fond blanc, de centaines d'individus méconnus de l'Ouest américain, comme Sandra Bennett, une jeune adolescente de 12 ans, couverte de taches de rousseur, dont le regard triste hante l'exposition. C'est la revanche des inconnus.

Personne nommée Pierre

Exposition : « Iconic Avedon : Une célébration du centenaire de Richard Avedon », Gagosian Paris, situé au 4 rue de Ponthieu, jusqu'au 2 mars.

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