Accueil Architecture Le Dernier des juifs » : une comédie audacieuse qui dénonce l’intolérance

Le Dernier des juifs » : une comédie audacieuse qui dénonce l’intolérance

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Dans son tout premier long-métrage, Noé Debré raconte l'histoire d'un jeune homme et de sa mère qui font face à l'antisémitisme dans une banlieue quelconque. Cette comédie percutante se démarque comme la plus grande révélation de ce début d'année.

Par mes propres mots, par

Il faut avoir beaucoup d'audace et de courage pour créer une comédie sur des sujets tels que l'antisémitisme et le repli communautaire. Ces sujets ne sont pas habituellement associés à l'humour, surtout en ce moment où ils provoquent de nombreux malentendus, tensions et même confrontations dans la société française. Noé Debré, qui pourrait être considéré comme un lointain cousin hexagonal de Woody Allen, ne manque certainement pas d'audace ni de courage. Il prouve aujourd'hui, s'il était nécessaire de le faire, que la comédie peut être un puissant outil pour déconstruire les stéréotypes toxiques et lutter contre l'intolérance.

Dans le film français "Le Dernier des juifs", qui est l'un des films les plus étonnants sortis ces derniers mois, le réalisateur âgé de 38 ans, qui était principalement connu pour son travail en tant que scénariste (notamment pour des films tels que "Dheepan" de Jacques Audiard, "Les Cowboys" de Thomas Bidegain, et la série "Parlement"), met en scène le personnage de Bellisha, un jeune homme juif excentrique qui habite dans une banlieue ordinaire et anonyme de la région parisienne.

Ignorant les troubles du monde, Bellisha préfère faire semblant de ne pas remarquer que la plupart des juifs ont quitté son quartier, qui est, comme beaucoup d'autres, touché par des tensions communautaires et un antisémitisme de plus en plus ouvert.

Dans cette zone urbaine dévastée où le fait de porter la kippa est un choix risqué, Gisèle (interprétée par Agnès Jaoui), la mère de notre protagoniste, ne partage pas du tout la légèreté de son fils. De plus en plus obsédée par son identité juive, au point de tomber dans l'intolérance, elle essaie par tous les moyens de convaincre son fils de quitter au plus vite cette banlieue qu'elle considère comme un territoire hostile et dangereux.

Malgré les menaces, les graffitis racistes et les signes clairs d'antisémitisme (un électricien étroit d'esprit refuse de faire des travaux chez Gisèle après avoir vu une mézouzah à l'entrée de l'appartement), Bellisha reste ferme dans sa résolution de continuer à vivre sa vie (presque) paisiblement. Sa vie est marquée par ses activités frivoles avec ses amis de toutes origines et surtout par ses rencontres épicuriennes avec sa maîtresse, une jeune musulmane qui, comme lui, se fiche totalement de connaître la religion de son partenaire érotique.

Dans des moments où rien ne prête à rire, Agnès Jaoui, l'actrice principale du film, souligne l'importance salvatrice de l'humour et de la distance. Elle estime que le rire est essentiel pour déconstruire les stéréotypes et les préjugés qui sont souvent associés aux juifs et aux musulmans.

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Le cinéaste débutant a accompli sa mission avec brio. Dans cette comédie, Noé Debré aborde des sujets rarement abordés par le cinéma français, notamment le départ des juifs des quartiers populaires et la tentation de l'Alyah. Avec une inspiration constante, il critique le communautarisme qui nuit à la cohésion sociale aujourd'hui fragilisée.

Avec le personnage de Bellisha, interprété par Michael Zindel et qui se révèle être un comique burlesque, et Gisèle qui secrètement regrette l'époque où les habitants de sa banlieue ne se souciaient pas de leurs origines, Noé Debré crée une fiction audacieuse et élégante. Cette fiction se caractérise par des dialogues soigneusement travaillés, une perception des situations absurdes et une lucidité inébranlable qui nous font rire en mettant en évidence des réalités désolantes. Il s'agit souvent de la marque des comédies les plus réussies.

Le dernier représentant de la communauté juive

un film en français

réalisé par Noé Debré.

Ce film d'une durée de 1 heure et 31 minutes met en vedette Agnès Jaoui, Michael Zindel et Youssouf Gueye.

Olivier De Bruyn est l'a

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