Accueil Architecture Le retour de Donald Tusk en Pologne : Restaurer l’indépendance de la justice et la pluralité médiatique

Le retour de Donald Tusk en Pologne : Restaurer l’indépendance de la justice et la pluralité médiatique

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Donald Tusk, un homme politique polonais, revient sur la scène européenne. Il est déterminé à rétablir l'indépendance du système judiciaire et à promouvoir la diversité des médias, mais il sera confronté à des défis majeurs. Le président polonais, Duda, a un droit de veto puissant et sa coalition politique est divisée.

De Karl De Meyer

Le soulagement était palpable à Bruxelles et parmi les partisans de l'Union européenne suite à la victoire de l'opposition polonaise lors des élections législatives du 15 octobre dernier. Après huit années de gouvernement du parti Droit et Justice (PiS) dirigé par Jaroslaw Kaczynski, le retour de Donald Tusk au pouvoir est considéré comme un signe de retour de Varsovie à une coopération avec ses partenaires de l'UE. Le gouvernement Morawiecki, en plus de restreindre la liberté de la presse et de contrôler le système judiciaire, a également contesté les règles européennes, allant même jusqu'à remettre en question la suprématie de la Cour de justice de l'UE.

À l'âge de 66 ans, Donald Tusk, qui a occupé le poste de président du Conseil européen de 2014 à 2019, souhaite redonner à la Pologne la place qu'elle mérite en tant que cinquième État membre le plus peuplé de l'Union européenne avec 38 millions d'habitants. Avant même d'être officiellement investi le 13 décembre, il s'est rendu à Bruxelles dès le 25 octobre pour y rencontrer Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, entre autres. Il a justifié cette rencontre inhabituelle en déclarant que l'Europe souhaite engager une conversation sérieuse et une relation honnête avec la Pologne.

L'une des premières priorités de Plateforme Civique sera de remplir tous les objectifs importants fixés par Bruxelles afin de débloquer les milliards d'euros du plan de relance polonais provenant du fonds européen NGEU. En outre, le parti s'efforcera de normaliser les relations avec l'Ukraine, qui se sont détériorées ces derniers mois. Cette initiative est d'autant plus nécessaire car le président Andrzej Duda, membre du parti Droit et Justice, a qualifié le pays voisin en guerre de "personne qui se noie".

Une coalition diversifiée

Cependant, tous les experts politiques polonais s'accordent à dire que la tâche sera difficile. Le natif de Gdansk, qui a débuté sa carrière politique en tant que militant de Solidarnosc, dirigera une coalition qui englobe un large éventail de partis. Le parti de centre-droit Troisième Voie et le parti de gauche ont des opinions très différentes sur des questions de société telles que l'avortement ou le mariage homosexuel.

Le président de la Pologne, qui continuera à exercer ses fonctions jusqu'en 2025, dispose également d'un puissant droit de veto difficile à contourner – il faudrait les votes de trois cinquièmes des membres de la chambre basse du Parlement pour y parvenir. Ensuite, il faudra un certain temps pour réformer le système judiciaire, remplacer les dirigeants des grandes entreprises publiques et rétablir la diversité des médias.

En matière de politique, il est bien connu que les Polonais ont des opinions très fortes sur les questions migratoires, agricoles et énergétiques. Ces opinions auront une influence sur la personnalité de Donald Tusk et seront prises en compte par les Européens.

Cependant, Donald Tusk pourra utiliser sa vaste expérience politique. Il a déjà été le chef du pays de 2007 à 2014, puis le président du Conseil européen et ensuite le leader du Parti populaire européen (conservateur) de 2019 à 2022. Pendant cette période, il s'est engagé à contrer la déclin du parti qui était le plus représenté au Parlement européen. Au cours des dernières années, le PPE a perdu de nombreux électeurs au profit de partis de droite dure ou d'extrême droite tels que les Fratelli d'Italia de Giorgia Meloni. En 2010, le cofondateur de la Plateforme Civique a été récompensé par le prestigieux Prix Charlemagne pour son engagement envers l'Europe.

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En 2025, lors du premier semestre, Donald Tusk aura pour mission d'organiser la présidence de l'Union européenne pour la Pologne, juste après la Hongrie qui est également un pays perturbateur dans le jeu européen. C'est une opportunité pour lui, grand amateur de football, de faire des actions remarquables et de montrer sa singularité.

L'avantage est qu'il a une connaissance approfondie de l'Europe grâce à son expérience interne.

L'inconvénient principal est qu'il devra faire face à l'opposition du président Duda.

Karl De Meyer

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