De retour sur la scène du Théâtre de la Colline, Valère Novarina présente sa dernière création intitulée « Les Personnages de la pensée ». Dans cette pièce, qui met en scène dix acteurs, l'auteur et metteur en scène suisse explore le drame comique du langage absurde, tout en abordant des questionnements métaphysiques. Son style est débordant d'énergie et flamboyant.

Par Callysta Croizer

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Si la façon dont Dieu agit est incompréhensible, les paroles des « Personnages de la pensée » sont tout aussi mystérieuses. Après avoir présenté « L'Homme hors de lui » et « L'Animal imaginaire », Valère Novarina revient au Théâtre de la Colline avec une nouvelle pièce mettant en scène dix acteurs, où les chiffres et les lettres s'entremêlent dans un drame comique où le langage est roi. De l'auteur, vêtu d'une longue robe bustier noire et d'un col en dentelle, à la Galoupe, habillée en tenue de sport rouge vif, la joyeuse troupe de personnages colorés enchaîne des scènes absurdes et des intermèdes musicaux pendant trois heures, explorant les verbes et le Verbe sans jamais être trop bavards.

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Sur un fond de deux grandes toiles blanches inclinées, les actrices et acteurs créent un décor chaotique à mesure qu'ils passent. La mise en scène mélange une série de tableaux de grande taille et colorés, créés par Novarina, formant une parade de fresques inspirées du street art. En plus de l'absence de logique évidente, la mécanique théâtrale est parfaitement bien orchestrée, permettant le passage d'une interrogation grammaticale extravagante à une opérette sur les imperfections humaines, ou d'une revue de presse absurde à une reconstitution du sacrifice d'Abraham, le tout accompagné par l'accordéon de Christian Paccoud.

Pièce de théâtre comique et complexe

Dans cette série impressionnante de phrases sinueuses, de jeux de langage et de nouveaux mots iconoclastes, le texte de Valère Novarina présente quelques moments forts. Pendant que Mathias Lévy réalise avec brio un solo de violon rapide, l'acteur Manuel Le Lièvre – également connu sous le nom du philosophe Raymond de la Matière – se lance dans une diatribe grandiloquente et hilarante contre les aspects de ce monde, finissant par établir le genre neutre dans la langue française en remplaçant toutes les voyelles par la lettre "u". Mention spéciale à la conversation interminable et vertigineuse déclamée par un Sylvain Levitte plein d'énergie, ainsi qu'à Valérie Vinci, Claire Sermonne et Agnès Sourdillon qui offrent chacune une performance remarquable.

En explorant le drame comico-labyrinthique de l'unique animal doté de parole, les 27 scènes réparties en deux actes trouvent une unité dans la figure de Dieu, qui est la quatrième personne du singulier dans la grammaire novarinienne. Entre questionnements métaphysiques et existentiels, le texte propose une réflexion méta théâtrale sur l'incarnation du langage, où le pouvoir des mots est constamment remis en question. En utilisant le rire comme moyen de tromper le langage, "Les Personnages de la pensée" poursuivent avec talent l'œuvre d'apostolat de Valère Novarina contre la tyrannie des mots.

Les personnages de la pensée sont mis en scène dans la pièce de théâtre de Valère Novarina.

Lieu: Théâtre de la Colline, Paris.

site internet colline.fr

La période de représentation s'étend jusqu'au 26 novembre, puis elle se déplace ensuite au TNP – Villeurbanne du 23 au 27 janvier 2024.

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