Cet "Endroit inconvénient" est un objet littéraire étrange dans lequel Jonathan Littell et le photographe Antoine d'Agata nous invitent à nous promener. À l'extérieur, il y a un livre compact avec des photographies déchirées sur la tranche ; à l'intérieur, il y a une Ukraine vaste et complexe, bien loin de celle qui occupe tristement les actualités depuis l'invasion russe de février 2022. C'est un livre magnifique qui allie le temps et l'espace.
Par moi, Marceau Cormerais
Dès le début, on peut observer la symbolique saisissante de Jonathan Littell. En faisant référence à Maurice Blanchot, il divise son texte en fragments (222), ce qui est cher à la recherche littéraire de Blanchot. Ensuite, on est directement transporté à Babi Yar, près de Kiev, un lieu où les nazis et les nationalistes ukrainiens ont assassiné des dizaines de milliers de juifs au début de la Seconde Guerre mondiale. C'est le même massacre auquel Max Aue assiste dans "Les Bienveillantes", ce qui boucle la boucle.
« Babi Yar », représente également les milliers de personnes exécutées l'année suivante dans les ravins, selon le même procédé : tuer et enterrer, donc tuer une seconde fois. La mémoire joue un rôle central dans l'écriture de Littell, dans un parc actuellement parsemé de monuments commémoratifs où les promoteurs se disputent des parcelles de terre, alors que lui souhaite aborder les « cicatrices dissimulées et effacées ».
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