Accueil Architecture Le cocu du Goncourt : une leçon de vie pour les candidats malheureux au prix

Le cocu du Goncourt : une leçon de vie pour les candidats malheureux au prix

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L'écrivain dont je parle dans ces lignes a été nommé quatre fois pour le prix Goncourt, mais il n'a jamais réussi à le remporter. C'est une leçon de vie importante à prendre en compte pour tous les candidats qui ne seront pas récompensés lors de la prochaine remise des prix, prévue pour le 7 novembre.

Par Marc Lambron

Je suis celui qui a été cocu du Goncourt, qui sera décerné mardi. Entre 1993 et 2004, j'ai été quatre fois sur la dernière liste de ce prix sans jamais le gagner, ce qui doit être considéré comme le record des dernières décennies et souligne ma nature de leurre, de naïf ou de perdant. À chaque fois, des événements souvent imprévus m'éloignaient de la remise des prix au restaurant Drouant. La première année, j'étais en lice pour un roman sur la photographe Lee Miller intitulé "L'oeil du silence". Pour être honnête, j'étais plutôt novice et n'en attendais rien, d'autant plus que le livre était édité par Flammarion, une maison d'édition éloignée des jeux d'automne. Le roman se démarquait dans les classements jusqu'au jour où le jury du prix Femina, habilement manipulé par les maisons Grasset et Gallimard, décida de décerner son prix avant la date prévue du Goncourt, ce qui me valut d'être couronné par ces dames pendant qu'Amin Maalouf, futur ami, remportait le prix principal. Je m'en sortais plutôt bien.

Quatre années plus tard, je me retrouve à nouveau plongé dans la période de la rentrée littéraire avec un roman intitulé "1941" qui aborde le thème de la Collaboration à Vichy. Dans ce livre, je décris l'atmosphère de l'hôtel du Parc sans savoir que l'un des membres du jury, Edmonde Charles-Roux, y avait séjourné entre juillet et octobre 1940 en compagnie de son père, qui était secrétaire général du ministère des Affaires étrangères. Son père a d'ailleurs démissionné peu de temps après Montoire, ce qui est une décision honorable. Cependant, il était surprenant de voir une fiction écrite en 1997 soumise au jugement d'une personne qui avait vécu à Vichy en 1940. Malgré cela, Patrick Rambaud a été couronné pour son roman "La Bataille".

En 2001, lors du vote classique pour départager "Le Rouge Brésil" de Jean-Christophe Rufin et mon roman "Etrangers dans la nuit", qui se déroule dans les années 1960, il y a eu trois tours de vote bloqués à égalité 4 contre 4. Finalement, la voix de Didier Decoin a fait la différence. En 2004, lors de ma dernière année de participation, j'ai écrit "Les Menteurs" en revenant sur ma génération perdue. Edmonde Charles-Roux, que j'appréciais par ailleurs, avait plaidé depuis des années pour le roman "Le soleil des Scorta" de Laurent Gaudé, édité par Actes Sud, qui était absente des paddocks de l'automne. C'est donc ce roman qui a été choisi. En fin de compte, j'étais l'Arlésienne.

Alors, pour conclure, il y a une institution appelée l'Académie française qui est responsable de l'appel du Goncourt. En 2014, j'ai été accepté dès ma première tentative. À l'Académie Goncourt, il y a un salon et une fourchette, tandis qu'à l'Académie française, il y a une coupole et une épée. Maintenant, le calme des jours d'un ancien combattant de l'automne est agrémenté par le baume vert. En novembre, il observe parfois avec une tendresse inquiète de jeunes et courageux auteurs se lancer dans ces joutes incertaines. Qu'ils se rassurent, ce ne sont que des blessures sur papier. La vie continue, les succès se fanent. Ce qui importe, c'est le prochain livre à venir.

Marc Lambron est

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